La garde-robe nomade masculine


Une garde-robe minimaliste sans concession sur la qualité et la polyvalence.

 

Ce tour du monde a été l’occasion pour moi d’adopter une approche minimaliste : je n’avais simplement pas le choix, puisque m’était dévolu le rôle de mulet pour la presque totalité du matériel commun : tente, sac de couchage, matériel de cuisine, et nourriture sèche lorsque nous en portions. La femme se chargeant elle de l’indispensable nécessaire de toilette et d’une conséquente trousse à pharmacie. Sans compter les menus objets ramassés sur le bord de la route en attente d’un envoi postal.

Il restait peu de place pour mes effets personnels. J’ai donc réduit la panoplie de mes vêtements au strict nécessaire : selon le principe de la philosophie ultra-légère, accommodée à un voyage au long-cours, chaque pièce devait avoir démontré sa polyvalence (être adaptée aussi bien à l’environnement urbain qu’à un trek de plusieurs jours) et aucune redondance n’était tolérée.

Pour pouvoir se combiner et notamment se superposer afin de gagner en chaleur, chaque vêtement devait être parfaitement adapté à ma morphologie. Beaucoup de randonneurs négligent ce principe : un vêtement d’extérieur se doit d’être aussi parfaitement coupé qu’un costume de ville : sa performance en dépend. Principe de l’unité du Beau, du Bien et du Vrai, un beau vêtement (esthétiquement plaisant) est aussi un bon vêtement (fonctionnel). À voir l’allure de charlot de nombre de marcheurs, beaucoup ne doivent pas être très à l’aise.

Sur le trek de Kalaw au lac Inle

 


Table des matières :

Le noyau dur

Les pièces dispensables

Le sac


Le noyau dur

– Un t-shirt fin à manches courtes en laine mérino

La couche de base, le maillot qui ne me quitte pas. Après un petit temps d’adaptation du corps à la laine, on ne peut qu’être conquis :

  1. un confort thermique bien supérieur au coton : le maillot reste relativement frais par temps chaud et bien plus chaud par température froide.
  2. La laine reste chaude même mouillée, contrairement aux matières synthétiques. Très pratique pour faire des lessives sans séchage dans les pays a climat tempéré : le t-shirt sèche sur soi.
  3. Enfin, et là encore contrairement aux matières synthétiques, la laine est naturellement anti-bactérienne ce qui limite les odeurs. J’ai porté le même t-shirt plus de trois semaines sans m’importuner.

Je l’ai choisi de couleur sombre. C’est certes moins adapté à la lutte contre les insectes, mais il a l’air propre plus longtemps.

Étant donné sa fréquence d’utilisation, et les atteintes qu’il subit, c’est le seul poste qui mérite une entorse à la règle de non-redondance : je ne suis parti qu’avec un seul t-shirt, qui n’a pas duré tout le voyage, et a dû être remplacé en Australie. En partant avec deux t-shirts, j’aurais gagné en flexibilité et en durabilité.

La finesse des fibres de laine détermine le confort : plus la laine est fine, plus le t-shirt est doux. J’ai débuté le voyage avec un t-shirt Outlier, qui bien que de bonne qualité ne m’a pas convaincu à cause de sa coupe trop ample. Je l’ai remplacé par un col en V de chez Kathmandu, marque australienne. Bien que constitué de fibres plus épaisses, il est moins épais (170 g/m2 ). Il est pourtant aussi confortable et a fait preuve d’une bonne tenue dans le temps jusqu’ici.

– Un t-shirt manche longue plus épais

Pour les pays et les nuits froides. J’ai pris une option économique avec un t-shirt Icebreaker 200 g/m2 dans un coloris soldé une trentaine d’euros sur Amazon. Le port est moins agréable, mais la qualité est suffisante pour l’usage (le t-shirt subit aussi moins d’attaques de lessive).

– Une veste

La couche moyenne, c’est le sweat-shirt qui vient se positionner sur la couche de base quand il fait frisquet. Elle doit donc être facile à enfiler (fermeture éclair), et disposer d’un col. Nous avons tous deux opté pour la veste Sierra de chez Icebreaker. Autant nous n’avons pas été conquis par la qualité de leurs couches de base, autant cette veste est une réussite à tous les niveaux. Coupe ajustée, poches zippées, design sobre, et mélange laine mérino/synthétique chaud et durable.

– Un pantalon

Incroyable pour beaucoup de personnes mais un seul pantalon suffit pour mener une vie normale. Le pantalon est une pièce relativement lourde et il est inutile d’en avoir un constamment au fond du sac. On peut se contenter d’un sous-pantalon, d’un pantalon et d’un short pour affronter toutes les températures. Je me suis tourné vers Outlier, dont le pantalon est le corps de métier. J’ai choisi le modèle Slim Dungaree. Un carton plein sur toute la ligne :

  1. La coupe tout d’abord. Celle que devrait avoir tout pantalon digne de ce nom et que la mode du jeans et ses déclinaisons fantasques telles low waist et boot cut ont fait oublié. Le slim dungaree est parfaitement coupé : la taille se positionne juste au dessus des hanches, et tout le reste est parfaitement ajusté, comme une seconde peau.
  2. L’agrément de la matière. Un savant mélange de fibre synthétique dont on a du mal à imaginer la supériorité par rapport au coton avant d’en avoir fait l’expérience. Chaud et respirant à la fois, confortable, et élastique. Malgré une coupe très ajustée, je n’ai jamais eu un pantalon de randonnée aussi agréable à porter pendant l’effort.
  3. Sa résistance. Le pantalon n’a pas été ménagé, et n’a pourtant aucune trace d’usure. Il est aussi beau qu’au premier jour.

Outlier décrit ce modèle comme le futur du jeans, il est certain que nul ne peut revenir au jeans après en avoir fait l’expérience.

– un short

Le New Way short de Outlier étant en rupture lors de la préparation de mon bagage, je me suis rabattu sur un short de marque Quicksilver, dans mon armoire depuis mes 16 ans. Il a aussi fait office de short de bain : même s’il n’est pas hydrophobe, le tissu sèche rapidement. C’est un short de skater donc assez laid, mais cela ne m’a pas gêné outre-mesure car le port du bermuda est de toute façon discutable sur le plan de l’élégance. C’était la pièce la plus faible de ma garde-robe, mais j’en exigeais moins.

– deux boxers

Je me suis perdu dans des considérations de haute-volée pour ces pièces qui n’en valent pas la peine : lavés tous les jours, ils doivent être remplacés à mi-parcours, à moins de les choisir en acier forgé. Inutile donc de chercher le boxer nomade ultime, et encore moins de casser sa tirelire pour des sous-vêtements, voués à une existence très courte.  Je suis parti avec un boxer en laine mérino Icebreaker, et un boxer en matière synthétique. Le point faible commun à ces deux matières est l’absence de maintien… Je les ai remplacés à Kuching par deux boxers en microfibres premiers prix. Ils sont déjà troués mais auront rempli leur rôle le temps de leur courte existence.

– deux paires de chaussettes

En laine, une paire fine et une paire épaisse.

– Un caleçon en laine

Utilisé comme sous-pantalon dans les pays froids, et comme pyjama en bivouac. Les modèles unisexes 400 g/m2 de chez Woolpower sont coupés à la serpe, mais bien chauds. On est aussi content de connaître le petit nom de l’ouvrière qui a officié à sa confection.

– une doudoune

La pièce maîtresse pour lutter contre le froid, extrêmement importante. La doudoune nous semble être le meilleur choix car isolante et au meilleur rapport chaleur/poids/encombrement. À combiner à une veste imperméable pour affronter des climats assez rudes.

Parti avec une ridicule doudoune Odlo trop fine et sans manches, j’ai acquis une magnifique pièce en synthétique au marché noir de Oulan-Bator. La réalisation des finitions ainsi que la doublure sont sujets à caution, mais j’ai pu affronter le reste du voyage avec confiance. Cette doudoune est cependant extrêmement lourde.

– une veste imperméable

Ne pas lésiner sur la qualité et privilégier les coupes alpines, plus enveloppantes. J’ai choisi une Alpine Jacket de The North Face avec une membrane Gore-Tex Pro qui n’a pas failli à sa réputation.

– une paire de chaussures

J’ai choisi de privilégier le look sur l’aspect technique, en me chaussant avec des Tenere de chez Aigle. Elles ne ressemblent pas à des chaussures de marche mais en état neuf, permettent d’affronter les treks sans problème. Les jointures et des semelles se sont cependant rapidement détériorées avant de constituer un véritable handicap pour notre final au Pérou. Le choix d’un revêtement en cuir était aussi un compromis en fonction des températures rencontrées : le cuir est plus chaud et plus beau que la toile, mais moins respirant.

– une paire de sandales

J’ai pris une simple paire de tongs, mais des sandales (i.e. accrochées au pied) sont plus indiquées, notamment pour faire du bateau.

– une paire de gants et un bonnet

 


Les pièces dispensables

– Un pull mérino avec col en V

Pour un look plus citadin. Franchement dispensable car double emploi avec et moins pratique que la veste en laine.

Mon pull col en V quelques heures avant sa mort en machine

– Un deuxième puis un troisième t-shirt en coton

Cadeaux des amis ou de la famille rencontrés sur la route, ils m’ont servi comme pyjama ou pour patienter le temps que la tenue principale sèche. Ont alourdi inutilement le sac.

Défense du bon goût et de l’élégance à la française

 


Le sac

J’ai choisi le VC60 de chez Granite Gear, un sac de moins de 1 kilogramme qui reste néanmoins confortable. Sa conception en tunnel le destine avant tout à une utilisation en randonnée, car il faut en déballer tout le contenu pour accéder au fond. Je l’ai trouvé néanmoins facile d’utilisation et j’ai apprécié la marge en litrage pour la nourriture. On regrettera l’absence de poches de ceinturon et les poches latérales pas assez profondes, deux défauts corrigés sur son successeur.

 

Repos des sacs

 

Le sac est fabriqué avec un tissu Silnylon de 100 deniers, de marque Cordura. Sur le papier, on ne fait pas meilleure qualité. À l’usage, je l’ai cependant trouvé fragile et de nombreuses déchirures n’ont pas tardé à apparaître. Il est ainsi beaucoup moins robuste que le Osprey Exos de Charlotte.

De plus, le nylon de la base avait une faiblesse et a cédé en Nouvelle-Zélande. Je salue le service-client Granite Gear qui m’a fait bénéficié de la garantie à vie sans discussion, et m’a envoyé un sac tout neuf à Santiago du Chili.

 

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