Deux volcans javanais en trois jours, 13 – 15 mars 2017


Pressés par le temps, nous enchainons la visite des deux volcans emblématiques de l’île de Java avant de passer à Bali.

 

Le buffet du petit-déjeuner de l’hôtel est très complet, et comprend beaucoup de spécialités locales que nous nous n’avons pas encore vues, mais nous avons à peine le temps d’en profiter avant d’embarquer dans notre taxi pour l’aéroport de Pontaniak.

Juste avant le contrôle des bagages à main, Benjamin se rend compte qu’il a oublié son Opinel dans le sac… Il n’y a plus rien d’autre à faire qu’espérer une faille dans le dispositif de sécurité. Nous passons sans problème.

 

Dans la salle d’attente, un allemand bizarre qui se dit anthropologue monologue à côté de nous. Heureusement nous ne nous retrouvons pas à côté de lui dans l’avion à moitié vide. Le ciel est dégagé pendant la première partie du vol, la dernière heure se fait dans une épaisse couche nuageuse.

Nous franchissons un cap dans notre expérience de l’auto-stop, en refusant de prendre les transports en commun pour sortir de l’aéroport. Rapidement un médecin interloqué nous fait monter dans sa voiture. Il semble nous prendre pour des fous lorsque nous refusons qu’il nous dépose à la station de bus. Nous descendons dans sa ville mais il ne nous quitte pas, décidément très inquiet de notre sort. Il nous demande si nous avons faim (pas vraiment, avec le gargantuesque buffet de ce matin). Nous avons beau lui expliquer que nous nous en sortirons très bien seuls, il nous met dans le bus pour la prochaine ville après avoir payé le chauffeur. Nous hésitons à reprendre l’argent des mains du chauffeur et descendre mais devant le risque que notre refus obstiné opposé à sa bienveillance soit mal interprété, nous capitulons. Heureusement ce n’est pas cher, et ce Monsieur gagne bien sa vie.

Un pluie tropicale s’abat sur Java et en cinq minutes, la chaussée est inondée d’eau. Nous parvenons à descendre du minibus à l’abri pour enfiler nos protections de pluie. Un sympathique balinais nous prend ensuite jusqu’à Probolinggo, où il habite. Il est fan de Bon Jovi et d’Aerosmith dont il diffuse les clips sur le petit écran LCD de la console centrale. Il nous demande si nous aimons la nourriture indonésienne. Même si elles ne nous ont pas tellement enthousiasmés jusqu’ici notamment à cause du manque de variété, nous énumérons les différentes spécialités découvertes grâce à Indra et ses amis. Nous n’avons pas encore goûté au Bakso, et notre conducteur nous arrête donc à un warung sur le bord de la route pour nous le faire découvrir.

 

Il s’agit d’une soupe de nouilles mixtes (raviolis, vermicelles, et nouilles aux œufs), avec des boulettes de viande bouillies. On ne peut pas vraiment dire que ce soit fameux…

Globalement, la nourriture indonésienne nous aura beaucoup déçus à part le satay, et bien entendu le rendang.

 

Il refuse que nous payions, et nous repartons. À l’entrée de Probolinggo, il est prêt à nous emmener directement à Cemoro Lawang, le village le plus proche du mont Bromo, à plus d’une heure de route. Nous aimons de moins en moins loger dans des sites touristiques et préférons louer un scooter ici pour visiter le Bromo demain en indépendant.

À l’hôtel repéré par Charlotte, c’est la douche froide lorsque nous apprenons qu’il n’y a plus de loueur de scooter à Probolinggo depuis deux ans déjà. Voilà qui met à mal nos projets, il nous faudra partager un taxi, utiliser les transports publics ou faire du stop. Nous avons la soirée pour aviser.

L’atmosphère de l’hôtel est très agréable, avec beaucoup de Flamants (Hollandais et Belges) et de Français. Nous hésitons à partager un taxi avec un couple belge sympathique, mais à 100 000 Rps/pers., cela reste cher. Surtout, Benjamin  est devenu totalement hermétique à la contrainte horaire des transports organisés. En se déplaçant en stop, on part quand on veut, dans sa propre voiture avec chauffeur.

 


Après de délicieuses crêpes au petit-déjeuner, nous marchons vers l’embranchement pour le mont Bromo, sans réaliser qu’il se trouve à plus de trois kilomètres. Nous nous enfonçons dans une zone résidentielle nettement plus avenante que celle que nous avions aperçue aux abords de Pontianak. Ayant entendu beaucoup de mal sur le comportement des indonésiens envers les touristes, nous sommes surpris de croiser des gens si amènes. Comme partout, les tonseurs de touristes sont désagréables, mais les gens ordinaires sont très gentils.

 

Nous nous arrêtons longuement dans un atelier où nous sommes pris en photo sous tous les angles possibles en compagnie des artisans et certaines de leurs créations.

 

Le courant passant bien, nous demandons s’il est possible de leur louer un scooter mais la barrière de la langue ne nous permet pas d’élaborer notre requête et nous continuons donc notre route.

 

Il nous faudra pas moins de sept véhicules pour atteindre Cemoro Lawang.

Notre premier chauffeur

 

Nous devons parfois patienter longtemps sur la route entre deux véhicules, ce qui permet de rencontrer les locaux.

 

À notre arrivée vers 12h30, le temps radieux du matin a laissé place à une brume qui crée une atmosphère écossaise.

 

À Sapikerep, une fête a commencé.

 

On dirait un mariage mais nous ne nous attardons pas et continuons sous la pluie avant de trouver notre dernier conducteur qui nous dépose devant un guérite marquée Ticket. Un homme avec une tête de mafieux nous demande où nous allons. Ayant lu nombre d’articles sur la « mafia » Bromo, nous ne répondons même pas et repartons en sens inverse pour le contourner.

 

La caldeira est dominée non par le mont Bromo mais par le mont Batok, vêtu de vert.

Bromo à gauche, Batok à droite

 

Nous atteignons le petit chemin permettant de rejoindre la caldeira sans passer par la case péage. La pluie s’intensifie et Charlotte renonce à la descente dans la boue. Prise d’une migraine depuis plusieurs jours, elle préfère retourner à Probolinggo.

 

Benjamin descend seul le petit sentier boueux. Arrivé dans la caldeira, la pluie battante s’intensifie. Il évite de justesse le déluge en trouvant refuge à côté d’un brasero de fortune sous une tente. Il se paie même le luxe d’un thé.

Guérite à boisson dans la caldeira

 

Le cratère est atteint très facilement en haut d’un escalier.

 

S’approcher d’un volcan en activité, même en sommeil, est impressionnant.

 

Parti pour faire le tour du cratère, Benjamin rebrousse finalement chemin, la pluie et le vent rendant la progression pénible.

Retour à travers le caldeira

 

Le village est étonnamment mort. Un homme s’amuse avec son drone. Un vieil homme bien habillé prend Benjamin sur sa moto et la descente des pentes à 40% commencent.

 

Il s’arrête à Sapikerep, pour la cérémonie aperçue à l’aller et qui maintenant bat son plein.

 

Benjamin est invité à manger à un des buffets gargantuesque, ça tombe bien il a une faim de loup. La grande salle abrite dix répétitions du même buffet. Personne ne mange en même temps, les buffets sont constamment approvisionnés.

 

Benjamin essaie de connaître la nature de la célébration, qui demeurera un mystère. Selon un des jeunes parlant l’anglais, ce n’est pas un mariage mais une sorte de rite de passage pour un jeune homme qui va bientôt se marier. Les gens dansent anarchiquement sur une musique complètement déstructurée. Il faut donner quelques milliers de roupies pour participer.

 

L’homme dirige Benjamin vers le buffet de bières, pudiquement caché derrière un rideau. Des centaines de bouteilles vides s’entassent sur la table autour de laquelle des dizaines d’hommes travaillent à en augmenter le nombre.

 

Il est 16h30 et il est temps de partir, le retour est moins laborieux avec seulement quatre véhicules : une petite camionnette, un jeune homme très prudent en scooter, un gamin de 12 ans conduisant comme un fou, et enfin un bon père de famille avec un casque passager dans son sac.

 

Charlotte attablée avec un bon chocolat chaud voit arriver un Benjamin tout dégoulinant. La pluie n’a visiblement pas été tendre avec lui !  Il est l’heure d’échanger sur nos expériences de stop. Charlotte a été particulièrement chanceuse en trouvant un camion qui l’a ramené d’une traite à Probolinggo.

La cour de la sympathique guesthouse

 

Nous décidons de dormir une nuit de plus ici et de partir tôt le lendemain pour rejoindre Banyuwangi et grimper le mont Ijen dans la nuit.

 


Malgré un départ sur les chapeaux de roues, il nous est difficile d’avancer. Nous enchaînons les camions qui roulent à 30 km/h – à peine !

 

Le dernier va jusqu’à Banyuwangi -chance- mais il s’arrête pour une pause déjeuner dans un warung en bord de route. Le temps défile et Benjamin finit par demander quand est ce qu’on repart. Notre chauffeur nous répond qu’il a encore une heure de pause… Nous décidons donc de nous mettre en quête d’une autre voiture. Un gros car de touristes s’arrête à notre hauteur et après quelques palabres nous décidons de monter dedans. Nous devons absolument trouver une moto à louer ce soir si nous voulons faire le Kawah Ijen cette nuit.

 

À la sortie du bus nous évitons les taxis. À bien y réfléchir il nous apparaît plus pratique de dormir ici, dans le village du ferry plutôt qu’à Banyuwangi. Un motard nous repère de loin avec nos sacs à dos et nous propose de nous loger. Nous lui expliquons notre projet : ne pas dormir, louer une moto, et grimper le mont Ijen dans la nuit. Il nous dit d’abord que c’est dangereux et qu’il faut prendre un tour organisé, puis devant notre détermination nous annonce qu’il faut aller en ville pour trouver un loueur. Nous continuons notre marche, perdant peu à peu notre sérénité mais n’en laissant rien paraître… Quelques mètres plus loin il nous rattrape car il a une moto semi-automatique à louer. Manifestement, il testait notre détermination.

Nous arrivons dans un endroit bien plus sympathique que ce à quoi nous nous attendions. Le prix de la location est moins cher si on prend également une chambre. Nous décidons d’aller voir. Si nous partons à 1h30 du matin, nous pourrions dormir un peu avant mais aussi nous reposer au retour, car nous apprenons au passage que les ferrys pour Bali partent tous les quarts d’heure, 24h/24 !

Nous prenons donc la chambre et la moto. Notre hôte est un peu inquiet car la route de nuit jusqu’au volcan est dangereuse. Nous lui promettons d’être prudents puis nous allons en ville essayer de trouver des masques pour se protéger des émanations soufrée du volcan. Nous revenons bredouilles, le choix se résumant à des masques d’hôpitaux -ne filtrant pas grand chose- ou des masques de commandos -coûtant une blinde-. On regrette d’avoir largué nos masques chinois lors du grand nettoyage de nos sacs il y a à peine trois semaines…

Nous nous arrêtons manger dans une petite gargote de rue un traditionnel nasi goreng.

 

Retour au bercail et quelques heures de sommeil plus tard, notre réveil sonne. Il est 1h. Notre hôte nous rappelle une dernière fois d’être extrêmement prudents.

Nous partons à l’assaut de la route menant à Kawah Ijen. Le début est plutôt facile et nous conforte dans notre choix. Après avoir dépassé un faux comptoir de vente de billets pour le volcan, la route se corse peu à peu, obligeant même Charlotte à descendre deux fois de la moto tellement la pente est abrupte ! La voiture qui nous ouvrait la route nous distance peu à peu et nous nous retrouvons seuls avec notre misérable phare. Plusieurs locaux lancés à toute vitesse nous dépassent. C’est avec soulagement que Charlotte aperçoit le parking. La montée a été assez éprouvante pour ses nerfs.

À peine descendus, nous sommes assaillis par les vendeurs de masques. En raison d’un regain d’activité volcanique, le site n’ouvre qu’à 3h du matin. Nous avons un petit quart d’heure devant nous. La vente de faux billet étant un sport national, Benjamin décide de répliquer par le resquillage. Aidé par ses gènes Mariez qui lui confèrent un bonus de furtivité dans les queues, il se faufile comme un pro avec un groupe, laissant la blonde derrière, qui se fait interceptée et doit finalement s’acquitter de son ticket…

L’ascension peut enfin commencer. Charlotte était un peu inquiète car le frère de Benjamin se souvient de ce moment comme l’un des plus dur de sa vie… Au final, la montée est certes assez raide et soutenue mais le terrain est très sécurisé.

Les porteurs de souffre montent en même temps que les touristes et échangent avec eux sur leur vie. Nous rencontrons Surya qui propose un masque à Charlotte pour 50 000 Rps. Elle le prend sans hésitation car la fumée lui pique déjà la gorge et les yeux. Benjamin n’en veut pas mais Surya visiblement inquiet lui donne gratuitement avant la dernière montée.

 

À proximité du cratère, Charlotte achète une petite tortue en souffre pour l’école à un porteur.

 

Nous arrivons tout en haut et redescendons de quelques mètres jusqu’au point de vue pour observer les fameuses flammes bleues, accompagnant l’inflammation du souffre libéré dans l’atmosphère à l’état gazeux.

 

Benjamin aimerait descendre mais un garde ne laisse passer que les porteurs de souffre. Il essaye bien de le soudoyer avec des biscuits, et même si ça le fait rire, l’homme reste intransigeant.

Les touristes s’accumulent et nous suivons finalement un guide et son petit groupe qui commencent à longer le cratère. La vue sur le lac est absolument magnifique. Charlotte se souvient avoir lu sur un blog que deux français avaient essayé de s’y baigner (pH à 0,2 quand même, il vaut mieux y aller tout nu) et elle comprend mieux pourquoi.

 

Nous observons le lever de soleil et les couleurs du cratère se révéler petit à petit. C’est l’un des moments les plus magiques de notre tour du monde. La beauté des lieux est à couper le souffle et il est impossible de se lasser du spectacle.

 

Les porteurs sont au travail, et la plupart se laissent photographier, parfois en échange d’un cookie.

 

La plupart des touristes étant déjà redescendus, Benjamin essaie une nouvelle fois d’amadouer le nouveau garde, pourtant plus sympathique, avec banane et cookies (backshish royal), mais la réponse est toujours non.

 

À la descente, nous recroisons notre vendeur de souffre. Il ne pratique plus le prix à discrétion mais des prix fixes maintenant.

 

Nous remontons rapidement sur notre moto et entamons une descente quasi aussi difficile que la montée (surtout pour les nerfs de Charlotte). Il a plu et la route est glissante à certains endroits. Après un petit dérapage suite à un freinage un peu tardif, Benjamin redouble de prudence pour nous éviter toute nouvelle perte d’adhérence.

Sur le chemin du retour nous découvrons les paysages qui nous était cachés à la montée. Nous traversons des rizières magnifiques et observons les paysans planter le riz.

 

Arrivés à l’hôtel nous mangeons notre barquette petit-déjeuner et rattrapons un peu de sommeil avant de nous diriger vers le ferry un peu avant midi.

 

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