La Thaïlande en stop, 2 – 17 février 2017


Après notre harassante journée de vélo à Angkor, nous décidons de retourner en Thaïlande pour commencer notre descente en auto-stop vers Singapour.

 

2 février

Au bout de dix minutes de pouces en l’air, une voiture s’arrête enfin. Elle est remplie à ras bord mais pas question de faire la fine bouche, Benjamin prend Charlotte sur ses genoux et nous voilà parti.

20 km plus loin, la voiture s’arrête et la jeune fille assise à côté de nous descend, avant de tendre quelques billets au chauffeur… Ce que nous prenions pour une famille en partance pour la Thaïlande est en fait un taxi partagé… Nous arrivons à comprendre que le trajet jusqu’à la frontière nous coûtera 5 dollars par personne. Le même prix que le bus pour arriver plus vite, c’est adjugé par Benjamin.

Le taxi nous laisse devant le poste d’immigration, en nous faisant un petit scandale sur l’état de notre billet de 10$, un peu trop vieux selon les standards cambodgiens. Il est malheureusement pris à son propre jeu lorsqu’un de ses collègues venu en renfort argue qu’à Poipet on n’accepte pas les dollars usagés contrairement à Siem Reap… Ça tombe bien c’est justement la ville de notre chauffeur ! Nous laissons donc notre billet sur la voiture du taxi sans plus de façon et nous dirigeons vers les bureaux de sortie de territoire.

Ici pas de corruption, on sort en quelques secondes et traverse le pont de l’amitié avec la Thaïlande. Entre les deux, casinos et grands hôtels, les villes frontalières sont le paradis des joueurs thaïlandais. Nous passons l’immigration thaïlandaise. Un écriteau nous apprend que depuis le 1er janvier 2017, il n’est plus possible d’entrer par voie terrestre sans visa plus de deux fois par année calendaire (pas de restriction par voie aéroportuaire). L’officier inspecte un petit moment tous nos tampons avant de nous rendre nos passeports. Nous usons donc de notre deuxième et dernière cartouche !

Côté Thaïlande, nous retrouvons avec plaisir la facilité du stop : nous sommes pris en moins de 5 minutes par un jeune couple. Après les premiers kilomètres à l’arrière du pick-up, nous apprenons que nos conducteurs habitent à Lopburi,  une ville non loin d’Ayutthaya, où nous comptions nous rendre dès le lendemain. Nous réorganisons la voiture pour pouvoir nous installer sur les sièges arrières et avons même droit à des Knackys et yaourts à boire.

On n’insiste pas assez sur la gentillesse et la bienveillance des thaïlandais à l’égard des touristes. Sur les circuits classiques (hôtels), l’accueil est toujours très bon. En auto-stop, on est très bien traité : il n’est pas rare que les conducteurs fassent un détour pour nous déposer à notre destination finale, nous offre à manger et à boire, ou même nous invite à la cantine ! 

 

Nous arrivons à vingt-trois heures à Lopburi après une grosse journée de trajet. Nous tournons beaucoup avant de trouver un hôtel correct (c’est à dire propre) où passer la nuit. Benjamin a un mauvais pressentiment concernant la ville et ne souhaite pas s’y attarder.

 

3 février : Lopburi

Le lendemain, nous nous promenons un peu et les quelques ruines n’arrivent pas à retenir notre attention après la magnificence d’Angkor. L’attraction majeure de la ville, c’est les macaques qui sont ici sur leur territoire. Ils mangent sur la chaussée en se moquant bien des voitures, volent tout ce qui passe, et jouent sur les façades d’immeubles : il ne faut pas oublier de fermer sa fenêtre car les singes s’introduisent et saccagent tout.

 

Après une bonne galette croustillante façon thaï, nous prenons le train de 14h39 pour Ayutthaya.

 

Benjamin accuse le coup depuis le départ d’Angkor, qui concentrait tant de merveilles dans si peu d’espace que tous les autres vestiges d’influence khmère paraissent dilués et très fades en comparaison.

 

Nous passons l’après-midi à l’hôtel avant de retrouver un instructeur de boxe thaï, également avocat à ses heures, et en l’occurrence gérant de la guesthouse, pour une petite séance d’initiation. Nous n’avons jamais fait de sport de combat, et il faut donc commencer par les bases : se protéger et se déplacer correctement. Puis viennent les premiers coups de pied. Contrairement au taekwondo, au karaté, ou au kung-fu, on frappe au pied en un seul mouvement en boxe thaï, de façon à avoir le plus de puissance possible. Cela nécessite une souplesse et une bonne préparation du mouvement : une fois lancé, rien n’arrête la jambe. Benjamin chute donc la première fois, mais rapidement nous nous améliorons et nous frappons à nous abîmer les pieds. La détermination de Charlotte fait plaisir à notre professeur qui lui donne aussi quelques astuces d’auto-défense pour gérer les mauvaises rencontres.

Après une bière et une douche fraiche réconfortante, nous nous endormons.

 

4 février : Ayutthaya

Charlotte tient absolument à visiter les témoignage de l’empire thaï et sa dynastie des Rama, alors que Benjamin aimerait partir trouver un peu de nature. C’est évidemment elle qui gagne.

Nous ne voulons pas pédaler sous la chaleur harassante et louons donc un scooter. Pour la première fois en Asie, on nous demande si nous savons le conduire. Nous commençons par Wat Mahathat, non loin duquel se trouve un petit marché aux fleurs.

 

Après Wat Phra Si Sanphet et ses trois Chedi, Wat Lokayasutharam et son bouddha allongé, nous faisons un crochet par Wat Phu Khao Thong enlaidi par un échafaudage.

 

Les ruines se suivent et se ressemblent pour Benjamin, qui laisse Charlotte seule visiter Wat Chai Watthanaram, le plus beau de tous d’après elle.

 

En fin d’après-midi, nous entrons sans payer dans le marché flottant en nous faufilant depuis une arrière boutique. Le marché est grotesque et les thaï adorent.

 

Nous passons en soirée par un grotesque parc avec des éléphants pour touristes. La journée palpitante se termine par un changement d’hôtel car notre chambre a été réservée sur Booking pour ce soir.

 

5  février : Kanchanaburi

Nous nous plaçons sur la voie rapide près de la gare pour trouver une voiture allant à Kanchanaburi. Au bout de 10 minutes infructueuses, un homme s’arrête et nous dit que nous sommes au mauvais endroit, la voie rapide est utilisée pour retourner à Bangkok. Pour aller vers l’ouest, les gens traversent la ville. Il nous conduit à la jonction et nous donne un papier avec notre destination écrite en thaï. Un homme nous avance ensuite pour une centaines de mètres puis nous trouvons un gentil couple qui nous emporte jusqu’à Suphan Buri. Nous ne les contrarions pas en les laissant nous déposer à la gare routière, avant de retourner sur la route principale.

Le paradoxe de l’auto-stop

Même dans les pays où il est très efficace, comme la Thaïlande, les locaux qui prennent des stoppeurs pensent être l’exception et insistent souvent pour nous déposer à la gare routière. Ils n’imaginent pas que ce même raisonnement tenu par des millions de personnes d’un pays permet de se déplacer très efficacement !! 

 

C’est un jeune homme qui nous prend ensuite jusqu’à U Thong. Benjamin l’aide à décharger des sacs très lourds dont est remplie sa voiture, puis « n’ayant plus rien à faire aujourd’hui », il se propose de nous déposer à Kanchanaburi.

Un conducteur sympa

 

Nous mangeons des côtes de porc dans une cour de street food, malheureusement il n’y a plus de frites et Benjamin doit donc aller en acheter pour trois fois le prix au Mac Do d’à côté.

6 – 7 février : couple en perdition à Kanchanaburi

À Kanchanaburi, le couple traverse une crise. Cela fait trois jours que Benjamin en a assez de visiter des villes sans intérêt, et Kanchanaburi ne semble pas sortir du lot. Nous marchons donc dans une ambiance glaciale jusqu’au pont sur la rivière Kwai, sous une chaleur difficilement supportable. Le pont est touristique mais sympathique.

 

Le soir, Benjamin prend ses affaires et décide d’aller dormir au parc national d’Erawan, où l’on peut voir les plus belles chutes d’eau du pays.

Il est relativement tard (17h30), et sans le charme de Charlotte, personne ne s’arrête. Une thaïlandaise de l’office du tourisme s’inquiète et conseille à Benjamin de monter dans le dernier bus.

Au bout d’une heure et demie de trajet, Benjamin s’acquitte des droits d’entrée du parc, trois fois plus cher pour les étrangers (300 bahts) et cherche un endroit pour planter sa tente. Le camping est déprimant : poussiéreux et éclairé par des lampions blafards. Une centaine de tentes à louer s’alignent au bord de la rivière et la nationale est à moins de 100 mètres. Un bel endroit en pleine nature…

Alors qu’il envisage de commencer à grimper le sentier en direction des chutes pour trouver un meilleur emplacement, Benjamin est rejoint par un de ses compagnons de bus qui insiste pour visiter le parc avec lui.

Il s’appelle Yom, son anglais est sommaire mais il est enthousiaste et son histoire résonne avec l’état d’esprit de Benjamin : il habite a Bangkok, sa petite amie l’a quitté car « elle aimait trop l’argent » (il ne lui en donnait manifestement pas assez). Il a lu avant-hier que ces chutes étaient magnifiques, a acheté une tente 300 bahts hier, et est monté dans le premier bus ce matin. Il ne sait pas planter une tente et n’a rien à manger. Benjamin décide de rester avec lui.

Il aide son acolyte à monter sa tente près de la rivière puis fait chauffer des vermicelles dans la popote. Yom est très impressionné. Les deux comparses rejoignent ensuite une petite troupe d’amis qui ont loué une tente et tout le matos de cuisine aux gardiens du parc. Cela met un peu de viande et de bouillon dans les vermicelles. Quelques bouteilles de bière données par une famille quittant le parc agrémentent le repas.

Il faut déplacer les tentes en catastrophe car le niveau de la rivière a dangereusement monté. Benjamin fini coincé entre deux gigantesques tentes familiales. La nuit est mauvaise, et les deux se mettent en route à 6 heures du matin pour atteindre la plus haute chute avant que les nombreux touristes n’affluent.

 

Le site est certes très beau mais absolument pas sauvage. Tout est très bien aménagé, avec des paillasses en bambou (probablement très confortable pour la nuit) et des checkpoints entre chaque niveau de cascade. Les piscines naturelles sont très agréables lorsqu’elles sont vides.

 

À la descente, les premiers touristes (beaucoup de russes et de français) sont évités en empruntant un chemin alternatif beaucoup plus sauvage à travers la jungle. À proximité du visitor center se trouvent deux guesthouses en retrait, qui semblent très paisibles.

 

Il n’y a plus rien à faire ici, mais le prochain bus est dans une heure et demie, Yom et Benjamin rejoignent donc à pied la route principale. Sur le chemin Yom achète des bananes pour remercier Benjamin, et les deux reviennent en stop à Kanchanaburi en 1 heure chrono. Yom, super content de l’expérience, essaiera de se déplacer comme cela dorénavant.

Benjamin retrouve Charlotte et nous décidons de tenter un restaurant français dans la partie touristique de la ville. C’est une déception, nous sommes même obligés de renvoyer un magret de canard…

 

8 février : sur l’autoroute thaïlandaise

Nous mettons beaucoup de temps à décoller, et commençons le stop à midi. Nous n’avons pas de destination précise, nous voulons juste descendre vers le sud. Un premier pick-up nous avance jusqu’à Ban Pang, puis un homme ne parlant pas un mot d’anglais nous prend dans son beau 4×4 jusqu’à Ratchaburi. Finalement, un couple de Bangkok descendant à la station balnéaire de Cha’am nous laisse à Petchaburi où nous déjeunons. Il y a un parc avec des monuments historiques à visiter dans la ville mais nous sommes moyennement motivés et nous contentons de grimper une petite montagne sur laquelle trône un imposant bouddha doré. Au pied de la montagne se trouve un complexe bouddhiste avec une très grande grotte. Le sol est jonché de fientes de chauve-souris. Le Bouddha est à l’abandon.

 

Nous rebroussons chemin pour aller récupérer nos sacs et décidons d’aller dormir au parc national de Kaeng Krachan. Un couple nous dépose à Tayang puis une jeune fille et sa mère font un petit détour pour nous vers le parc. Nous nous apercevons rapidement qu’il est mal localisé sur notre GPS et préférons ne pas abuser de la gentillesse de nos conductrices. Un moine et son ami nous déposent finalement au Visitor center près du réservoir. Le campsite est spacieux mais malheureusement un peu proche de la route. Nous essayons d’isoler notre bivouac le plus possible, préparons des nouilles instantanées, et allons nous coucher avec les poules.

 

9 – 10 février : Kaeng Krachan

Malgré le soleil, nous faisons la grasse matinée. Les tondeuses à gazon débarquées à 10h30 sonnent véritablement le réveil. Après un café et une douche, nous continuons le stop. Nous voulons aller voir les chutes d’eau de Pala-U. Dans un petit village, nous achetons des nouilles pour nos prochains repas. Des militaires très bienveillants nous aident ensuite à faire du stop en arrêtant les quelques voitures qui passent et les intimant de nous emporter. Un huluberlu estonien nous accompagne et nous convainc d’aller plutôt à Ban Krong, à 20 kilomètres de là, soit 2,5 heures de marche selon lui… Nous le laissons partir sur cette optimiste estimation et arrêtons un homme dans un pick-up noir flambant neuf. Il accepte de nous emmener au parc après son rendez-vous professionnel. Il vend du café sans caféine au villageois victime de diabètes, rhumatismes, et mille autres maux. Il prétend avoir lui même amélioré sa condition physique grâce à la boisson miracle. Il insiste beaucoup sur le fait qu’il se porte bien financièrement : c’est un gros travailleur, et ça paie. La famille qui achète le café magique nous donne un yaourt à boire, une bouteille de coca, et de l’eau. Puis notre conducteur nous propose de déjeuner au village. Il commande trois plats, des confiseries, une boisson à l’arôme artificiel de litchee et ne nous laisse pas payer. Décidément les thaïlandais sont adorables.

Son oncle est ranger à Ban Krong, où nous arrivons bientôt. Ici aussi l’accès au parc est très réglementé, il faut s’enregistrer « pour notre sécurité ». L’Estonien est déjà là. L’espace de campement est vaste.

 

Nous plantons la tente et partons sur le nature trail, à travers la jungle. Aucun animal sauvage mais beaucoup de papillons. De retour au campement, nous passons l’après-midi à bouquiner.

 

Tout autour de nous, les singes sautent.

 

Un petit attroupement se forme autour d’un insecte très bizarre.

 

Le soir, nous mangeons à la cantine du parc qui prépare des plats très copieux à un prix honnête. À quelques mètres, des porc-épics se régalent de restes de pastèques. Bien qu’intimidant avec leurs piques, ils sont extrêmement craintifs. Ils s’approchent mais fuient dès que l’on esquisse un mouvement.

 

Nous allons nous coucher tôt car nous avons prévu de monter sur Panoeng Thung, le point culminant du parc à 1200m. Les rangers nous ont dit d’attendre les 4×4 qui montent à partir de 5h du matin. La nuit tombée, le camp est arpenté par une petite équipe allemande d’ornithologues amateurs. Équipés de puissantes lampes frontales et d’importants téléobjectifs, ils ont repéré une chouette.

Vers deux heures du matin, l’alarme d’une voiture retentit dans la nuit et est accompagnée de beaucoup d’agitation. La visite d’un animal sauvage ?

Levés à 4h15, nous plions le campement au cas où nous voudrions passer la nuit en haut. Un ranger nous montre le 4×4 ayant reçu la visite d’un éléphant cette nuit. L’animal s’est contenté de se gratter contre la carrosserie, il n’y a pas de dégâts.

À 5h35, nous arrêtons un convoi qui monte et prenons place à l’arrière du pick-up. La montée de plus d’une heure avec inclinaison très importante est éprouvante pour le dos. Nous sommes dans la voiture de tête manifestement conduite par un habitué qui connaît la route par cœur et ne nous laisse pas de répit. Il prend les virages au plus large tandis que son copilote signale notre présence avec sa lampe torche à d’éventuels animaux sauvages que nous risquerions de surprendre.

Nous arrivons à 6h45 au sommet. Les taxis de chinois et thaïlandais en provenance de Petchaburi déboulent peu après. Le campement est beaucoup moins agréable et nous décidons de redescendre en fin de journée. La route étant très pentue, elle n’est ouverte qu’en sens unique, par alternance toutes les deux heures. Nous pourrons trouver un véhicule pour redescendre à partir de 16 heures.

Nous déposons les sacs et préparons un petit paquetage pour la journée : 2 litres d’eau, la popote, des nouilles, une serviette, de l’antimoustique et de la crème solaire. Nous nous mettons en route pour les chutes d’eau de Thor Thip, dont le sentier commence à la fin de la route, à 6 kilomètres. La température matinale est encore clémente et nous progressons rapidement. Sur le chemin, nous croisons un des taxis de touristes déjà de retour après un aller-retour express au point de vue.

 

La route surplombe la jungle, et nous nous rapprochons peu à peu de la Birmanie.

 

Le chemin de 4 km vers les cascades commence où s’arrête la route. Nous nous enfonçons dans la jungle, régulièrement retentissent deux cris caractéristiques : celui du gibbon qui ressemble à un orgasme élaboré et que nous prenons à ce moment là pour un chant d’oiseau, et celui d’un oiseau, très caractéristique mais étranger à nos oreilles de profane.

Charlotte enregistre le chant d’un « oiseau »

 

Le sentier est désert mais très bien balisé, et se termine par une pente abrupte que l’on descend à l’aide de rampes en corde.

 

Au bout du bout, nous atteignons le premier niveau de la cascade. Il est 10h30, nous nous donnons 1h30 avant de repartir pour avoir le temps de regagner Ban Krong Camp, et si possible sortir du parc. Nous faisons chauffer de l’eau et dégustons nos nouilles en guise de petit-déjeuner tardif.

 

Sur le retour, nous croisons un anglais ornithologue et son guide qui nous prennent en stop. Nous leur faisons écouter l’enregistrement de notre oiseau qui se révèle être… le cri du singe gibbon. Ils sont gentils et ne se moquent pas trop de nous. Nous devons attendre 16h pour pouvoir descendre. Beaucoup de chinois débarqués aujourd’hui s’affairent sur le campsite, nous avons pris la bonne décision de ne pas rester.

 

Sur la descente, nous faisons quelques pauses pour observer des oiseaux, et ce n’est pas du tout ennuyeux. Il faut tenter d’apercevoir un signe distinctif pour identifier le sujet dans l’encyclopédie de poche listant tous les oiseaux d’Asie. L’anglais tient un carnet avec tout ce qu’il a vu depuis le début de son séjour. Il vient tous les jours pendant une semaine. Nous apercevons aussi un éléphant caché dans les fourrés. Il y a deux éléphants dans le parc et celui ci, qui est aussi notre visiteur nocturne, n’est pas dangereux.

Arrivés à Ban Krong Camp, devant l’affluence (nous sommes samedi) nous quittons le camp. Les ornithologues nous déposent devant leur guesthouse à l’entrée du parc.

Crépuscule

 

Très peu de voitures passent, mais la deuxième s’arrête et la famille nous emporte jusqu’à la jonction pour Tayang où nous sommes pris en charge par des cyclistes qui rentrent chez eux et nous déposent à un hôtel au bord de la route. Ce n’est pas trop bruyant, il y a même une piscine, et nous sommes idéalement placés pour repartir sur la route le lendemain.

 

11 février : retour sur l’autoroute thaïlandaise

Nous décollons assez tard, et allons nous placer à la sortie d’une station-service où un couple en pick-up déjà plein à ras bord nous prend jusqu’à Hua-Hin. Après un petit cafouillage, ils nous déposent à l’entrée de la ville puis voyant qu’aucune voiture ne s’arrête décide de nous avancer à une autre jonction un peu plus loin. Un second couple avec un enfant nous prend aussi pour un petit bout de chemin, ils sont très sympathiques et nous laisse devant un poste de contrôle de police. La police prend notre destin en main en se chargeant d’arrêter les voitures. Le problème est que les policiers sont très mauvais en auto-stop, dont ils ont du mal à saisir le principe. Ils nous demandent une destination et arrête ensuite les voitures immatriculées dans cette province. Ils ne comprennent pas que l’important pour nous est d’avancer vers le sud, avec n’importe quelle voiture. Mais lorsque nous leur expliquons que nous pouvons nous débrouiller seuls, ils nous intiment de nous assoir. Ils nous trouvent néanmoins un pick-up très rapidement, le conducteur ne pouvant pas refuser. Ils sont heureux et fiers de nous avoir aidé et font un selfie avec nous.

Le conducteur nous dépose au poste de police de Kuri Buri et refuse de nous avancer plus loin bien qu’il se dirige vers Phuket. Et nous sommes de nouveaux entre les mains de la police… Heureusement le couple sommé de nous avancer cette fois-ci va loin. Nous couvrons une distance importante en peu de temps en roulant à plus de 140 km/h. Après un déjeuner et quelques emplettes à un marché local, nous renouons avec la chance avec un autre couple fonçant vers Chumphon, ville ou se séparent les routes pour la côte d’Andaman et la côte est.

Nous évitons de peu une pluie tropicale à notre arrivée a Chumphon où nos conducteurs nous débarquent sous un pont. Ils nous apprennent aller jusqu’à Ranong, nous sautons sur l’occasion, enfilons nos imperméables en prévision de la tempête qui se prépare, et reprenons place à l’arrière du pick-up. Une pluie torrentielle, heureusement courte, s’abat sur nous. Un quart d’heure plus tard, nous sommes secs et assistons à un magnifique coucher de soleil. La route est plus lente et nous arrivons à Ranong vers 20h, exténués après avoir parcouru plus de 400 km avec les marchandises. Cela valait le coup, car nous sommes idéalement placés pour rejoindre l’île de Ko Phayam le lendemain.

Nous prenons la dernière chambre dans un hôtel pas cher et allons manger au night market. Au retour, nous sommes trompés par la popularité d’un vendeur de glace et nous retrouvons à manger des glaces industrielles de piètre qualité.

 

12 février : Ko Phayam

 

Nous prenons le premier slow boat pour Ko Phayam. Nous sommes circonspects car l’île conseillée par une amie de Charlotte qui s’y était retrouvée pratiquement seule il y a dix ans est l’objet de beaucoup de publicité. Le développement touristique peut saccager un lieu en quelques années qu’allons nous trouver ?

 

Après deux heures de traversée, nous débarquons sur la jetée assez laide et nous enfonçons rapidement sur le chemin goudronné en direction des hôtels repérés la veille, dans le Nord de l’île.

La jetée

 

Nous marchons trois kilomètres pour atteindre Buffalo Bay, qui nous semble un endroit idéal car suffisamment isolé mais à distance de marche.

Nous descendons sur la plage pour prendre une collation dans un resort réputé pour son pain et ses viennoiseries française. Mais Benjamin est obligé de renvoyer son sandwich hors de prix dont la baguette est spongieuse. Charlotte a fait le bon choix avec un curry massadam. La cuisinière est très vexée que nous n’apprécions pas son pain et nous apporte de la baguette pour saucer… Nous la mangeons pour ne pas aggraver notre disgrâce. Cette dame est très gentille et peu rancunière en nous proposant de garder nos sacs tandis que nous irons à la  recherche d’un hôtel adapté à notre budget sur la baie.

La plage est belle, et nous passons devant plusieurs hôtels qui ont un certain standing. Au bout de la baie se trouvent des bungalows pas chers mais un peu crapoteux, on a aurait envie de demander au gérant si la marijuana est incluse dans le prix de la chambre. Nous poussons jusqu’à une pointe abritant des bungalows isolés dans la forêt mais la plage n’est pas nette et nous rebroussons chemin.

Nous tentons finalement notre chance dans un des hôtels qui nous plaisaient, chance il reste un bungalow de deuxième choix pour 500 bahts. C’est calme, propre, en pleine nature, et à 20 mètres de la plage, bref c’est parfait.

 

Le dîner est bon mais le restaurant ne proposant pas de dessert, Benjamin part donc explorer les alentours et se blesse l’orteil sur une marche en béton. Pratique pour un séjour à la plage.

 

13 – 14 février : Ko Phayam (suite)

Le lendemain, après le déjeuner, Benjamin retourne au port pour trouver des fruits qui sont hors-de-prix dans les restaurants.

 

Il achète deux belles mangues mais se fait piquer une imposante botte de bananes planterai par une thaïlandaise plus rapide. Il ne reste plus que des grandes bananes, beaucoup moins sucrées.

Sur le retour, il décide d’aller voir la plage la plus populaire de l’île, Long beach (Ao Yai), particulièrement belle. Elle est quand même située à trois kilomètres de la jetée. Après 45 minutes de marche (la blessure à l’orteil diminuant fortement l’allure), Benjamin sirote un smoothie au restaurant Lazy Hut, en discutant avec un couple d’intermittents du spectacle. Elle est multi-instrumentiste, et il est ingénieur du son pour le groupe Carpenter Brut, un phénomène électro de chez nous mais surtout populaire aux États-Unis.

 

N’ayant pas de carte, Benjamin croit que la baie de Ao Yai communique avec Buffalo Bay et ne se presse donc pas pour rentrer. Arrivé au nord de la plage, la terre lui barre la route et il lui faut marcher pour revenir sur la route principale. Heureusement un suédois le prend en stop sur son scooter, et il rejoint Charlotte, qui commençait à s’inquiéter, à 16h30. Nous décidons de rester une nuit de plus et partir le jour après demain par le premier speed boat pour rejoindre Krabi.

L’expédition mangue d’aujourd’hui est très efficace car le scooter-stop fonctionne bien. Mais cette fois, c’est une allemande qui nous pique une énorme grappe de bananes planterai. Nous achetons des bananes normales, qui nous déçoivent. L’après-midi, nous ne faisons rien à part pousser jusqu’au Hippy bar, installé dans une fausse épave de vaisseau pirate.

 

C’est la saint Valentin aujourd’hui et nous partons à la recherche d’un resto vers Ao Yai. À 100 m de la bifurcation, une bicoque pas franchement engageante attire notre attention par son écriteau Francesca since 2005. Francesca est en couple avec un thaïlandais baba cool propriétaire de la hutte où elle tient son resto informel. Au menu, de la cuisine italienne familiale, exactement ce dont nous avions besoin ce soir.

Pas de Montepulciano pour accompagner le repas

 

15 – 17 février : Krabi

Lever 6h30 pour le premier speed boat de 7h30. Nous avons rendez-vous à Krabi à 13h30, horaire tenable si nous sommes exceptionnellement chanceux en auto-stop. Cela commence bien car nous sommes rapidement ramassés sur le port et rejoignons rapidement la route principale. Mais après 30 minutes infructueuses, nous commençons à douter… Quelque chose ne va pas, personne ne s’arrête. Heure trop matinale ?

Nous remarquons un bus en partance pour Phuket, achetons nos billets, et décollons à 9h30, nous ne serons pas à l’heure. Le bus se traîne, et nous en descendons dès la première intersection pour Krabi. Rapidement, un homme nous prend dans sa voiture puis nous enchaînons avec deux poids-lourds. Finalement, trois autres voitures individuelles nous sont nécessaires pour atteindre Ao Nang. Nous embarquons in extremis dans un bateau pour le prix exorbitant de 100 bahts par personne. Le débarquement à Railay East après avoir quitté Ko Phayam nous fait le même effet que l’île de Ko Chang après la plage de Dawei : quitter un paradis d’initiés pour rejoindre un enfer touristique de masse. Heureusement, notre maison est retirée dans une enclave résidentielle sur la plage de Railay West. Seuls les sempiternels bruits de moteurs des bateaux nous rappellent que nous sommes sur un des sites les plus visités de Thaïlande. Nous y passons trois belles journées en famille avant de nous envoler pour Singapour.

 


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2 commentaires sur “La Thaïlande en stop, 2 – 17 février 2017

  • francoise mariez

    Benjamin elles sont magnifiques tes photos « aériennes » de Krabi. Ca donne une autre perspective et impression de cet endroit très touristique mais magnifique. Quant à la région du pont de la rivière Kwai c’est là que Dong possède un terrain et que plus tard il aura sa maison. Il semblerait que ce soit très rurale et tranquille

    • durocketukarrots Auteur de l’article

      Railay Beach, c’est très beau malgré les touristes.

      Le peu que j’ai vu du nord de Kanchanaburi en stop était très rural en effet, ça devient de plus en plus sauvage au fur et à mesure que l’on se rapproche de la Birmanie