Passage au Cambodge, 21 – 22 janvier 2017


Voyage jusqu’à Kep au Cambodge, depuis Trat en Thaïlande. Confrontation avec la petite corruption cambodgienne.

 

Cinq jours à Koh Chang sans se demander où dormir chaque soir nous ont fait un bien fou. La motivation à repartir n’est pas très grande, mais nous nous faisons violence car notre seule figure imposée (faire le tour du globe) l’exige : suite à notre séjour en Inde et cette petite pause en Thaïlande, sans compter quelques petits accrocs, nous avons déjà un mois de retard sur notre calendrier prévisionnel.

Pour repartir doucement nous prévoyons un passage de frontière Thaïlande / Cambodge en deux temps : nous rallierons d’abord Trat, où nous passerons la nuit, puis ferons route jusqu’à Kep le lendemain.

Cela nous permet de buller un peu plus au White Sand Beach Resort. À 17h, un taxi hors de prix (70 Bahts/pers.) nous dépose au ferry de Ko Chang. En attendant le départ, nous réalisons que nous nous sommes trompés de ferry : celui-ci permet un retour facile vers Bangkok, mais pour Trat les ferrys de Centerpoint ou de Laem Ngop sont plus indiqués, au moins sur la carte.

Au revoir Ko Chang

 

Au final nous trouvons sans problème un taxi partagé pour 50 Bahts/personnes jusqu’à Trat. Les locaux qui y habitent empruntent ce ferry, plus rapide et moins cher.

Le réceptionniste de l’hôtel nous informe que la pop guesthouse vend des tickets de bus combinés pour aller jusqu’à Sianoukville. Le passage de la frontière sans bakchich s’annonçant sportif, nous préférons rester libres de nos mouvements.

Nous posons nos sacs à 19h30 et allons manger dans un resto de rue à 400 mètres. C’est le retour des simples brochettes cuites au feu de bois, et ça fait du bien après la nourriture pour touristes de Ko Chang.

L’hôtel est situé à deux cents mètres de l’autoroute pour Hat Lek, la ville frontalière côté thaïlandais. C’est une voie royale, sans ambiguïté, nous décidons donc de partir en stop le lendemain.

Benjamin lance une lessive sans mettre de lessive, il a décidément du mal à se remettre sur la route.

 


Passage de la frontière

Levé paresseux à 8h15, nous profitons du café et du thé gracieusement mis à disposition à la réception et commençons à tendre le pouce vers 9h30.

Après 10 minutes, un homme s’arrête, il est professeur d’EPS dans une école à Khlong Yai et accepte de nous avancer jusque là. Nous refusons ensuite un taxi pour continuer sur notre lancée, un homme nous prend rapidement dans son pick-up pour les 15 kilomètres restant jusqu’à la frontière. Le stop en Thaïlande est plus fiable et plus rapide que le bus !

Nous arrivons la fleur au fusil au poste-frontière thaïlandais. Ici rien de compliqué, un coup de tampon sur le passeport, au revoir et à bientôt, on continue côté cambodgien.

C’est là que ça se corse pour les impudents prétendants au visa on arrival. Avant de faire la queue pour le tampon, il faut obtenir le fameux visa en s’acquittant de la somme de… Combien ? Personne ne sait exactement, l’évolution de la corruption étant trop rapide pour en avoir un suivi fiable, même sur internet. Nous avons prévu exactement la somme officielle, indiquée sur le site de l’ambassade : 30 dollars. Nous avons encore des thaï bahts, mais nous sommes partis avec la ferme intention de ne pas céder à la corruption, ou au moins en lui faisant difficulté.

C’était sans compter l’émotivité de Benjamin qui perd son calme dès l’annonce du tarif : 37 dollars, incluant 7$ de processing fee. Sans blague. Benjamin hausse le ton et refuse de s’écarter, l’homme nous met dehors, passablement énervé, en criant « no visa for you !! » 

Ça commence pas très fort… Nous patientons et voyons les intermédiaires défiler à la fenêtre avec des piles de passeports. Les quelques indépendants comme nous qui paient par eux même s’intercalent au bon vouloir des officiers d’immigration. Tarif : 1400 bahts, soit 35 dollars. Un français arrogant nous fait la leçon en nous conseillant de ne pas trop faire les malins, parce qu’il vit au Cambodge depuis 10 ans, et qu’à la frontière terrestre c’est 40 dollars et « pi c’est tout ».  Le courage du type qui se couche face à la corruption.

Nous nous préparons à une opération reconquête des cœurs des officiers. Pendant que Benjamin range tous ses bahts pour ne laisser que quelques coupures apparentes dans le porte-monnaie, Charlotte déroule son numéro de cinéma en ajoutant 2 dollars « retrouvés au fond du sac ». Ça passe ! Mais l’officier teste encore notre résistance en refusant un billet de 20 dollars pour une mini déchirure ! Quinze bonnes minutes et une trentaine de bahts « de frais » pour échanger notre vieux billet contre un neuf, nous obtenons l’autocollant vert et entrons au Cambodge.

L’autostop, c’est la liberté et nous refusons de prendre le bus. Un camion à bière nous emporte à Krong Koh Kong.

 

Après avoir tourné un peu pour trouver un distributeur d’argent plein, nous cherchons à manger, et tous les restos sont hors-de-prix : entre cinq et sept dollars le plat.

 

Nous constaterons les jours suivant que ces prix sont normaux dans le pays (merci le dollar), la nourriture en Thaïlande et Birmanie était particulièrement bon marché.

 

Nous achetons deux bières et finissons un saucisson (merci belle-maman) avant de reprendre le stop.

Bière saucisson

 

Il est tard, très peu de voitures passent. Finalement nous nous décidons à grimper dans un minibus après avoir demandé cinq fois au chauffeur le prix, sans succès. Les passagers nous invitent à monter, et nous disent avoir affrété le minibus à la frontière. Il y a un couple d’autrichien « peace and love and choucroutes », la cannette de bière à la main, et deux quinquagénaires canadiennes.

Il y a anguille sous roche évidemment et à notre descente à Veal Renh, le chauffeur appelle une traductrice qui nous annonce le prix : 10 dollars par personne. Il est hors de question de payer un prix non convenu et non négocié, et en même temps il serait injuste pour le chauffeur de partir sans rien payer. Benjamin lâche le reste des thaï bahts accessibles, 140 bahts. Transaction pas très glorieuse, nous serons dorénavant plus vigilants pour ne pas nous retrouver dans cette situation !!

Nous évitons sciemment Sihanoukville, et voulons nous rendre directement à Krong Kep, à 60 kilomètres. Mais le stop de nuit, sur une petite route, c’est trop gros pour les débutants que nous sommes. Nous hésitons à passer la nuit dans une des guesthouses pas très engageantes bordant la route, quant une camionnette s’arrête. C’est 5 dollars/pers. pour Kampot, 15 dollars en tout pour pousser jusqu’à Kep. Notre plus cher trajet de la journée, mais selon notre motus (enfin surtout celui de Benjamin), il faut voyager rationnellement, selon le principe d’utilité maximale. Vu l’horaire et notre état de fatigue, ce sont les 15 dollars les mieux dépensés de la journée, nous partons donc en taxi.

Le taxi ne fait aucun effort pour nous aider à trouver la guesthouse que nous avons repéré et Benjamin pique une crise. Il y a une bonne raison pour laquelle les chauffeurs de taxi sont détestés dans le monde entier. Nous nous dirigeons vers Khmer House Bungalow, que nous savons complète aujourd’hui mais que nous espérons située à côté de Khmer House Hostel, tenu par la même famille et où une chambre nous attend.

Après une bonne trentaine de minutes de marche, nous parvenons aux bungalows. C’est un petit havre de paix, nous y serons transférés demain. Pour ce soir, le gérant nous conduit à la version Hostel, tenue par son frère et située à l’autre bout de la ville… C’est moins charmant mais confortable, avec air conditionné. Nous mangeons notre premier et délicieux Lak Tok.

 

 

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