Orchhâ, 16 – 17 décembre 2016


Découverte du petit village méconnu d’Orchhâ, à l’histoire riche et dont l’atmosphère paisible invite à prendre le temps.

 

 

Nous arrivons à une heure du matin à la gare de Jhansi. Un chauffeur de rickshaw nous attend sur le quai avec un panneau « Charlotte Burnet ». Nous avions demandé à notre guesthouse de nous organiser le transport jusqu’à Orchhâ.

Nous ne voulions pas entamer d’ardues négociations à cette heure.

Notre chauffeur file vers le petit village à une vingtaine de kilomètres. Nous devons patienter à l’entrée d’Orchhâ car le passage à niveau est fermé, un train arrive en gare.

 

Le chauffeur nous dépose devant notre guesthouse toutes portes fermées… Nous réveillons le fils du gérant qui vient nous ouvrir et négocie la course pour nous. Trois-cent roupies pour un trajet de nuit aussi long nous semble plutôt honnête. Nous découvrons notre chambre qui est pour le moins spartiate. Mais il est trop tard pour faire autrement.

Nous sommes réveillés tôt par des travaux de maçonnerie sur le mur attenant à notre chambre… Benjamin découvre au passage qu’il n’y a pas d’eau chaude : il est déjà temps de partir.

Le propriétaire est très embêté, il ne veut pas nous laisser partir et nous promet une chambre avec eau chaude pour le soir, nous acceptons. Un chai accompagné de potato vada nous est offert d’office en guise de petit-déjeuner pour se faire pardonner.

Vue depuis la terrasse de la Temple View Guesthouse

 

Après cet encas, nous avons encore faim et allons manger dans un petit restaurant avec vue sur le fort. L’après-midi est vite entamée à cause de la lenteur du service, et nous marchons rapidement vers le fort pour notre moment culturel.

 

Comme d’habitude nous avons le droit au tarif « étranger » (250 Rps/pers) qui ici n’est que 15 fois supérieur à l’Indien, mais qui permet, bonne surprise, de visiter plusieurs monuments aux alentours (dans la même journée).

Nous décidons de prendre un guide pour mieux comprendre les lieux, une fois de plus nous ne serons pas déçus.

Notre guide passionné et passionnant

 

La visite commence par le Raj Mahal, palais construit entre le 15ème et 16ème siècle.

 

Nous découvrons la salle d’audience publique avec ses fresques en stuc. Au plafond, on devine des scènes de la vie religieuse, de la nature, des motifs persans, et enfin près de l’estrade du maharadjah, la vie au palais. Pour une fois, l’estrade n’est pas au milieu mais sur le côté car Vir Singh Ju Dev voulait rendre la justice sans voir les coupables pour ne pas faire de discrimination.

Nous entrons ensuite dans le palais à proprement parler par la porte Est (la principale). La première cour accueillait des spectacles de danse et musique, la maharani (l’épouse du maharadjah) pouvait y assister depuis son balcon.

 

La salle à manger sépare cette partie publique de celle des appartements.

Bains à vapeur, toilettes géantes et deux immenses chambres pour les souverains sont accessibles au rez-de-chaussée. Dans les appartements, de magnifiques fresques dépeignent les neuf vies de Shiva.

 

À l’étage se trouve les appartements pour la saison de la mousson. Plus frais, grâce à leurs nombreuses ouvertures, qui laissent le vent s’engouffrer. De là-haut, on voit Chaterburj, temple parfaitement aligné, construit à la gloire du dieu Rãma.

 

Nous passons ensuite dans le palais des invités, Jehangir Mahal, avec plus de 200 chambres ! L’extérieur était jadis recouvert de turquoise et lapis lazulis, dont il ne reste presque rien aujourd’hui, mais qui a donné son surnom au palais : le palais des miroirs. La lumière qui éclaire le palais transformant les pierres lisses en miroir aux mille facettes.

 

Au centre de la cour principale une piscine décorative symbolise les cinq éléments. Chaque bassin était rempli d’eau colorée.

L’entrée principale, toujours à l’Est, est encadrée par deux éléphants, l’un avec une cloche pour symboliser l’hospitalité et l’autre avec une chaine pour rappeler la force du Maharadhja. Les défenses en or ont malheureusement disparues.

 

Sur les côtés de la montée d’escalier, les différentes hauteurs permettaient au souverain et à ses invités de rejoindre facilement leurs montures (éléphant, dromadaire, cheval ou chaise porteur).

 


Nous filons ensuite avec notre guide à Chhatris, près de la rivière sacrée Betwa, un ensemble de mausolées à la gloire des défunts maharadjas.

 

 

Le lieu est splendide à la tombée de la nuit. Nous avons la chance d’avoir pu entrer les derniers, juste avant la fermeture et nous pouvons profiter de l’incroyable quiétude des lieux. Chaque mausolée est légèrement différent mais ils forment un ensemble très majestueux.

 

La nuit est tombée et il est temps de revenir dans le village. Il y a beaucoup d’agitation car c’est jour de fête.

 

Nous rentrons à l’hôtel après un petit tour sur le marché, et passons la soirée sur la terrasse dans l’attente de notre nouvelle chambre. Une vieille dame baba-cool résidant ici depuis deux mois est partie tardivement, les chambres ne sont donc pas prêtes et le propriétaire affolé de la situation fait une chute de tension. Nous avons rarement vu un tel dévouement.

 


Le lendemain, nous nous levons avec l’idée d’aller faire un tour dans la jungle environnante, mais l’hospitalité débordante de notre hôte nous joue encore des tours. Nous sommes sommés de nous asseoir pour un chai et un petit-déjeuner en bonne et due forme. Benjamin se gave de chapatis, qui sont fort bons.

La ville s’agite alors que nous prenons notre petit-déjeuner

 

Après ce départ retardé, nous plongeons dans l’agitation du village. La fête bât encore son plein, et nous entrons dans un temple pour assister aux rituels. Les gens brulent de l’encens, offrent des fleurs à Rãma, cassent des noix de coco et chantent.

 

Nous arrivons devant Chaterbuj, un temple inactif, dédié à Rama. A l’intérieur nous empruntons un dédale d’escalier pour accéder au toit. La vue sur les alentours est magnifique. Nous apercevons aussi un nid d’aigle. Orchha est un lieu apprécié de rapace.

 

Nous remontons ensuite vers le Lakshmi temple que nous n’avons pas eu le temps de visiter hier. Théoriquement, le ticket n’est valable que pour le jour d’achat.Notre guide nous a donné sa carte en guise de laisser-passer, et effectivement nous y entrons sans trop de problème.

Là encore nous acceptons une visite guidée car la médiation culturelle n’existe décidément pas en Inde, et les références culturelles sont trop complexes pour nos yeux d’occidentaux. Le temple est en train d’être restauré… par notre guide (entre autres).

Nous admirons les nombreuses fresques qui datent d’époques différentes. Certaines ont même été réalisées par les anglais qui n’ont pas hésité à introduire des dessins d’hommes buvant de l’alcool dans un temple indou, pour saper les tabous religieux indigènes.

La plupart des fresques représentent les croyances indoues, avec le récit des différentes réincarnations de leurs dieux. Quelques sculptures de paons (symbole du bonheur) ornent les coins des différentes salles.

 

Le temple, vu de haut, a une forme atypique de notre point de vue, mais il s’agit en fait d’une symbolisation du corps humain assis genoux vers le ciel.

 

Nous retournons au village pour un déjeuner tardif dans l’enceinte du Raj Mahal, puis nous allons admirer le coucher de soleil sur le pont qui mène à la jungle. Nous prenons conscience que Charlotte n’est pas si petite que ça.

 

La journée est déjà finie et nous retournons à l’hôtel préparer nos sacs pour notre départ vers Khajurâho.

 

 

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