Guide pour se déplacer en train en Inde


Les guides de voyage en Inde décrivent tous le voyage en train comme une expérience en soi. Ils ont raison.

 

Le voyage en train semble à première vue une bonne idée pour se déplacer en Inde. En effet, le pays dispose d’un réseau de train très dense qui couvre la plupart de son territoire. C’est un moyen très économique de voyager, et sur le papier, efficace puisque les longue distances peuvent être couvertes de nuit, économisant ainsi une nuit d’hôtel.

Nous nous permettons donc de préciser qu’utiliser les chemins de fer indiens est certes une expérience, mais une expérience pénible.

Au nombre des griefs :

  1. La difficulté d’achat des billets
  2. La fiabilité du réseau
  3. Les conditions déplorable de transport

 

1. Commençons par l’achat du billet.

Il existe plusieurs options pour acheter son ticket :

en ligne (la plus pratique).

Pour acheter son billet en ligne, nous conseillons de passer par les sites cleartrip ou makemytrip. Des applications dédiées existent pour smartphone.

Il faut avant tout se créer un compte IRCTC dont le mot de passe vous sera demandé pour chaque réservation.

Attention, il faut impérativement un numéro de téléphone indien pour l’inscription, nécessaire à l’envoi du code OTP pour l’activation du compte. Il est prévu une activation par e-mail pour les étrangers, mais le service client n’est pas très réactif à cette demande, nous n’avons jamais reçu notre code.

Inutile d’essayer d’acheter son billet sur le site des chemins de fer indien (IRCTC), qui n’accepte pas les cartes de paiement internationales.

Dernier avertissement : on ne peut réserver plus de 6 trajets par mois calendaire avec le même compte IRCTC. Anticiper.

 

Une fois les différents comptes créés, c’est la plongée dans le large choix de classes :

Une couchette en sleeper

sleeper : pour backpacker fauché ou éventuellement des trajets courts de jour. Configuration classique de six lits par compartiment ouvert, et deux sur le côté.

Extrêmement sales, les couchettes sont couvertes de graisse capillaire, on y trouve des cafards, puces de lit et autres bêtes en tout genre. Pas de draps ou couvertures. La nuit, même en été, il y fait extrêmement froid car beaucoup de fenêtres ne ferment pas. Les odeurs sont souvent insupportables. Vendeurs ambulants et mendiants défilent non-stop.

AC 3 : troisième classe avec air conditionné. Deux fois plus chère que la sleeper, la disposition des couchettes est la même. La grosse différence réside dans l’apport de draps et couvertures, qui isolent de la saleté. C’est l’équivalent de la platskart russe, en moins calme.

AC 2 : deuxième classe avec air conditionné. Draps et couvertures fournies, les compartiments de quatre lits sont isolés du couloir.

AC 1 : première classe avec air conditionné. D’après les échos que nous en avons eu, chaque compartiment est privé, le lit est fait et l’on vient vous servir votre repas. Le grand luxe.

– Il existe aussi une seconde classe indienne, appellée « coach » (toutes celles citées précédemment étant donc considérées comme les classes plus luxueuses…). Non réservable, il s’agit de wagons avec des sièges en bois,  les gens se battent pour entrer avant même l’arrêt total du train pour sécuriser un siège. C’est celle qu’on voit le plus souvent en photo avec les gens qui dépassent par tous les espaces possibles.

 


Après le choix de la classe vient naturellement la réservation du billet.

Les places ouvrent comme en France trois mois avant le trajet. Un nombre important de tickets sont achetés directement par les agences et dans chaque train des sièges sont réservés pour les quotas (militaires, fonctionnaires, touristes étrangers… sans oublier les membres du gouvernement ou leurs amis qui ont priorité absolue).

L’opacité quant à la disponibilité réelle des places, le sous-dimensionnement du réseau par rapport à la demande, et la politique très arrangeante d’annulation incite les indiens à acheter de nombreux billets très longtemps à l’avance et à annuler les trajets quelques heures avant le départ des trains. 

Il est donc conseillé de réserver son billet le plus rapidement possible sous peine de ne pas avoir de place. Quitte à annuler au dernier moment comme le font les indiens.

Pour tenter d’optimiser tout de même le remplissage des trains, une procédure géniale a été trouvée, celui de la Waiting list (WL) / RAC (reservation against cancelation). Véritable usine à gaz, détailler son fonctionnement nécessiterait un article complet sous forme de dissertation. Pour complexifier encore l’affaire, plusieurs statuts de Waiting list coexistent, et évidemment, le statut exact n’est connu du voyageur qu’une fois la réservation payée…

Quels sont les chances d’avoir une place si l’on est sur Waiting list ? En se basant sur notre expérience, aucune ! Nous n’avons probablement pas eu de chance.

Affichage de la liste des heureux élus de la Waiting list

Pour le touriste, impossible donc de prévoir avec certitude ses trajets à moyen terme. Il faut soit avoir balisé son parcours plusieurs jours à l’avance, soit improviser au gré des disponibilités et des annulations. Le système de réservation est à l’image de la société indienne : la notion d’anticipation raisonnable n’existe tout simplement pas.

Si l’on est vraiment pressé, il existe pour certains trains un quota d’urgence, le quota taktal. Deux ou trois fois plus cher, non remboursable, il n’est ouvert à la réservation que 24h avant le départ du train. Ce quota d’urgence n’est pas disponible pour tous les trains, et difficile à utiliser : rarement réservable en direct, on en trouve comme par magie dans les agences, moyennant commission.

 

– en gare

Pour les allergiques à la technologie, ou ceux qui aiment perdre leur temps, il est possible d’acheter ses billets directement en gare (les différentes classes et statuts sont les mêmes). Nous ne le conseillons pas car pour se faire rembourser en cas d’annulation, il faudra refaire la queue et remplir la même paperasse.

Ne jamais réserver un billet Waiting list à un comptoir sauf si l’on accepte de perdre l’argent : il ne peut être remboursé qu’en gare jusqu’à une heure après le départ du train.

À Delhi, le tourist reservation bureau est ouvert 24h/24 et 7j/7. Hormis dans cet espace 100% dédié aux touristes étrangers, nous n’avons jamais réussi à faire jouer le foreign tourist quota (même dans les gares avec le guichet dédié).

Ce mode de réservation est très long car pour chaque trajet il faut sacrifier à la bureaucratie indienne en  remplissant une petite feuille avec des informations très précises (numéro du train, gare d’arrivée et de départ, classe, nom, prénom, âge, adresse, numéro de téléphone, etc). S’il n’y a plus de place dans la classe souhaitée on est bon pour re-remplir toute la paperasse…

En cas d’annulation du billet, c’est pareil, il faut remplir douze-mille papiers. Ne pas espérer se faire rembourser un billet acheté en guichet physique, sauf à y passer une demi-journée.

 

– les agences (en cas d’urgence)

Les agences peuvent vous trouver des billets pour à peu près toutes les destinations, même au dernier moment, moyennant une petite commission. À Varanasi, autour de 100 Rps / billet. À notre avis il s’agit de vrais filous qui plombent le système. Il nous est arrivé de voyager dans un train à moitié vide alors qu’aucune place n’était plus disponible à la vente !

 

2. Poursuivons avec la fiabilité du réseau

Nuit banale dans une gare indienne

Prendre le train en Inde nécessite un certain calme, mais surtout un emploi du temps flexible car les trains ne sont jamais à l’heure. Dès que l’on met le pied dans une gare c’est très visible : des centaines d’indiens sont allongés au milieu des quais à attendre leur train.

Sur sept voyages effectués, un seul train est parti à l’heure mais aucun n’est arrivé en temps et en heure. Nous conseillons donc de vérifier systématiquement le statut des trains avant le départ, soit sur cleartrip soit sur le site enquiry.indianrail.gov.in

Les retards s’entendent généralement entre 2 et 4 heures mais nous avons attendu un train jusqu’à 14 heures !  Les gares ne sont absolument pas prévues pour des attentes aussi longues.

Ce manque de fiabilité diminue aussi l’attrait des trains de nuit, un train de nuit pouvant se transformer en train du petit matin…

Surtout prévoir au moins 24h de marge pour un train suivi d’un départ en avion.

 

3. Les conditions de transport

Ne nous mentons pas, les trains indiens sont dans un état déplorables, un peu comme tous les espaces publics d’ailleurs.

Si vous avez la chance de prendre un train dans sa gare de départ vous pourrez bénéficier d’un sol à peu près propre et de toilettes qui viennent d’être rincés. Ensuite le sol se jonche peu à peu de détritus en tout genre (verre en plastique de chai, pelures de cacahouètes, emballages…), et mieux vaut ne pas être pieds nus.

Mendiants, vendeurs ambulants circulent en continu dans les wagons sleeper, un peu moins dans les autres classes. Les sollicitations ne s’arrêtent jamais, et peuvent devenir très désagréables si la personne insiste.

Charlotte et Arti sur le trajet Orchha – Khâjuraho

Les mendiants sont aussi souvent la risée des voyageurs, qui s’amusent à les humilier en public. C’est un aspect de ces voyages que nous avons vraiment détesté.

Heureusement,  le train c’est aussi de jolies rencontres, comme celle d’Arti, qui nous a pris sous son aile d’Orchha à Khajuraho, où de ces voyageurs musulmans qui nous ont fait regoûter à la viande bovine en partageant leur repas à base de viande de buffle avec nous.

 

 

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