Une journée sur la Grande Muraille de Chine, 21 octobre 2016


La Grande Muraille, côté sauvage. Ou plutôt la « Grande Brumaille » lors de cette journée épuisante passée à escalader sous le brouillard et la pluie les restes de ce majestueux édifice.

 

 

En attente du bus pour Huairou

En attente du bus pour Huairou

 

Nous arrivons à Huairou un tout petit peu trop tard pour attraper le bus… Il nous faut trouver un taxi, et nous ne sommes pas en position favorable car la nuit va tomber et il commence à pleuvoir…

Après une première négociation infructueuse, nous arrachons durement une course à 130 ¥ auprès d’un jeune qui roule en golf coupé rouge.

La route est sinueuse et il pleut des cordes lorsque nous arrivons au dernier hameau (le 5ème) de Xizhazi. Le jeune taxi nous fait un mauvais coup en se plaignant de ne plus avoir assez d’essence pour redescendre. Heureusement c’est un débutant, nous aurions été bien embêtés s’il nous avait réclamé plus d’argent en plein milieu du trajet… Nous payons rapidement et le laissons maugréer.

Il fait nuit noire sous le déluge, le bivouac est compromis. Nous nous dirigeons vers la première lumière et entrons dans un grand hall. Une petite grand-mère nous montre une des chambres qui se distribuent sur les côtés. L’endroit est sommaire mais avec de l’eau chaude. Sa fille vient ensuite en renfort nous proposer un menu en image. Nous commandons pour quatre, Benjamin est ravi.

Nous planifions un réveil très matinal : cette section de la Muraille est très sommairement balisée, et si la météo ne s’arrange pas, nous risquons de progresser moins vite que prévu.

Lever 5h45, départ à 6h. Nous tergiversons quant au sentier à emprunter pour rejoindre le mur au point que nous avons choisi, Jiankou Spot. À part le panneau informant que cette section de mur n’est pas ouverte au public (elle n’est pas pour autant fermée, subtilité), il n’y aucune indication. Finalement nous trouvons un chemin aboutissant au mur. Sous un abri de fortune, c’est l’heure du petit déjeuner.

 

Le brouillard est épais, on distingue à peine la continuité de la muraille. Aujourd’hui ne sera pas une journée photo…

 

La première montée est une petite mise en jambe qui donne une idée de l’état de la muraille sur cette section : elle est très abîmée.

 

Par intermittence, la vue se dégage partiellement et laisse entrevoir la beauté du monument et du paysage.

 

Nous avançons tranquillement la première partie de la matinée, le terrain est rendu glissant par la pluie de la nuit mais reste pratiquable. Benjamin est ravi car nous sommes les seuls sur la muraille.

 

Nous sommes un peu choqués par les nombreux détritus qui jonchent notre trajet (bouteilles en plastique, emballages divers, chaussures, serviettes hygiéniques…). On trouve vraiment de tout !

Des abris de fortune pas franchement plaisants jalonnent le parcours.

Des abris de fortune pas franchement plaisants jalonnent le parcours.

 

Nous passons une petite difficulté appelée « les 38 marches géantes ». Des marches très hautes et peu profondes, difficiles tout particulièrement pour les petits… Charlotte râle, mais le sourire revient vite.

 

Parfois la coursive du mur est interrompue par un obstacle qu’il faut alors contourner en grimpant précautionneusement sur le rempart.

Comment cet énorme roc s'est-il retrouvé dans le chemin ?

Comment cet énorme roc s’est-il retrouvé dans le chemin ?

 

Le mur descend ensuite jusqu’à un point d’où part un sentier, vraisemblablement vers Xizhazi. Nous sommes déconcertés car la topographie ne correspond pas du tout à celle que nous devrions suivre depuis notre supposé point de départ.

 

Nous sommes interpellés par une chinoise en sac plastique bleu qui crie « beautiful girl, handsome boy ! ». S’ensuit une séance photos où nous devons poser de façon « plus naturelle ». Les chinois adorent les photos « naturelles », c’est à dire les mises en scène avec les occidentaux.

 

Nous en profitons pour faire un point carte avec notre nouvelle amie. Nous réalisons que nous sommes seulement à Arrow nock (Jiankou en chinois), le point dont nous croyions être partis ce matin !

Il nous reste donc encore au moins six heures de marche pour rejoindre la section restaurée de Mutianyu. En avant ! 

 

Nous faisons une pause repas en haut d’une tour. Knacky et nouilles chinoises. Ça fait du bien de se reposer quelques instants surtout que la journée sera plus longue que prévu.

Great Wall-~68

 

La pluie se met à tomber par intermittence, rendant notre progression plus ardue. Après Jiankou Spot, l’ascension est de plus en plus difficile : il faut escalader souvent à flan de mur, avec nos gros sacs à dos. Nous rencontrons maintenant régulièrement des groupes de touristes chinois plein d’entrain, visiblement à la recherche du frisson du danger. Charlotte craque plus d’une fois, la fatigue se faisant vraiment sentir. Un groupe de chinois nous attend à chaque difficulté pour se prendre en photo avec nous.

 

Au dernier passage périlleux, juste avant de rejoindre la tour Zhengbei, Charlotte reste coincée après avoir monté une échelle en bois à flanc de falaise. Benjamin la débarrasse de son sac et elle trouve le courage d’arriver en haut.

 

Vers 16h30 à Ox Horn Edge, alors que nous ne sommes plus qu’à deux heures de marche -relativement- facile de Mutianyu et sa muraille restaurée, nous croisons un groupe de jeunes chinois marchant prestement en sens inverse. Ils nous encouragent fortement à quitter la muraille en nous disant que la suite du trajet est « dangereux » à cause de la pluie qui tombe maintenant fortement.

Ayant survécu aux sections précédentes, autrement plus dangereuses, nous hésitons mais ils insistent en revenant nous chercher. Charlotte étant à bout de force, nous décidons de les suivre au village (le second hameau de Xizhazi). Leur « guide » connaît le chemin et nous promet un retour en 20 minutes.

Suivent trois heures de randonnée supplémentaires sous une pluie drue : le « guide », où plutôt un membre du groupe désigné tel, n’a en fait aucune connaissance des lieux et suit aveuglément son GPS. Sans connexion internet, nous avons pris le mauvais sentier… Avant que nous nous en rendions compte et commencions à marquer notre trace avec le téléphone de Charlotte, il s’est déjà écoulé une bonne heure, et nous nous sommes bien écarté du chemin optimal pour rejoindre le 2ème hameau de Xizhazi. 

La fine équipe de Décathlon Beijing

La fine équipe de Décathlon Beijing

La nuit tombant nous réalisons que notre petit groupe n’est pas du tout équipé comme il faudrait : ils n’ont pas de lampes torches, pas de vraies chaussures de marche et sont mal protégés contre la pluie… Comble de l’ironie, il s’agit d’une équipe bossant pour Décathlon à Pékin, en séminaire de motivation !

Nous prenons les choses en main, sortons nos lampes et commençons à échanger en français avec le « guide » (le plus haut placé dans la hiérarchie). Heureusement un chauffeur attend pour les ramener à Pékin, et ils nous offriront de nous déposer au passage. Les filles s’emmitouflent dans les sacs de couchage Quechua, et les paquets de Tucs viennent caler les estomacs en attendant le repas du soir. Le téléphone de Charlotte, trop éprouvé par la pluie, rend définitivement l’âme.

Nous arrivons dans les embouteillages de Pékin et finissons le trajet en métro. Nous foulons la porte de l’appartement à 23h, épuisés et nous nous mettons au lit directement.

 

Des questions à propos de la randonnée sur la Grande Muraille à Jiankou ? Laissez-nous un commentaire !

 

 


Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

3 commentaires sur “Une journée sur la Grande Muraille de Chine, 21 octobre 2016

  • francoise mariez

    Très impressionnant ! Magnifique reportage et je trouve les photos magnifiques malgré le brouillard. Je n’avais pas idée que la grande Muraille pouvait être aussi dangereuse n’ayant pour ma part visité qu’une partie touristique proche de Pekin. Et bravo à tous les deux pour la performance physique