Transmongolien 3 : Sainshand – Erlian, 16 – 17 octobre 2016


Incurie des chemins de fer mongol, nous passons en Chine par la route.

 

Notre petite escale dans le désert se termine aujourd’hui.

Notre chauffeur nous dépose à la gare vers midi. Le train est prévu à 14h40. Nous sommes confiants dans notre capacité à obtenir nos billets de l’un des quatre guichets. Cela fait trois jours que nous sommes ici (un de trop par rapport à l’intérêt de la région), mais nous n’avons jamais réussi à trouver le guichet international ouvert. Nous sommes déjà passé deux fois, on nous a dit hier qu’il n’y aurait pas de problème aujourd’hui.

Ça ne se présente pas bien, tous les guichets sont encore une fois fermés. Notre chauffeur prend sa voiture pour aller chercher la guichetière. Malgré sa pause écourtée (elle faisait ses courses), elle prend nos passeports avec le sourire. Seul problème: il n’y a pas de réseau informatique dans cette gare, elle doit donc obtenir le feu-vert de son interlocuteur d’Oulan-Bator pour émettre notre billet. Nous attendons une bonne demi-heure.

Verdict : le train est complet. Extrêmement improbable à cette saison, nous avons souvent voyagé dans des trains à moitié vide… En vérité, elle n’a simplement pas les moyens matériels de nous vendre le billet. Nous ne réalisons pas encore complètement l’absurdité de cette situation. Notre chauffeur, adoptant l’attitude mongol de bon aloi face à cet avatar, nous suggère de négocier directement avec le chef du train. Nous pourrons nous rabattre sur le train domestique de cette nuit en cas d’impossibilité d’embarquer. À ce moment, nous y croyons encore : la pratique se fait sur le transsibérien (certains voyageurs rapportent même avoir payé parfois moins cher de cette manière), et puis quoi de plus simple que de prendre un train ?

Sur le quai, les quelques locaux attendant le transmongolien pour leur petit commerce commencent à s’installer.

 

Le train entre en gare. Quelques occidentaux en jogging sortent pour se dégourdir les jambes. Nous identifions rapidement le chef de train et avec l’aide d’une bilingue franco-chinoise, et tentons d’expliquer notre situation ubuesque. Encore une fois, ça ne se présente pas bien. L’homme est catégorique, impossible de monter sans billet.

En discutant avec les quelques anglophones présent sur le quai, nous apprenons que la plupart des compartiments sont à moitié vides. La frustration monte, mais qu’est ce qui ne tourne pas rond dans ce pays ?

Finalement le chef de wagon nous demande si nous avons des yuans pour payer. C’est le point de basculement : nous n’avons rien d’autres que de la monnaie de singe, les turugs mongols. Il fait mine de vérifier son wagon et la réponse définitive tombe : No.

Leçon pour l’avenir : toujours avoir une monnaie forte sur soi, pour soudoyer efficacement. Avec des euros ou des dollars, il en aurait probablement été autrement.

À partir de ce moment, le personnel fait comme si nous n’existions plus, jusqu’au départ du train. 

Ce train à moitié vide n'accepte plus de voyageurs

Ce train à moitié vide n’accepte plus de voyageurs

 

Dépités, nous achetons nos billets pour Zamiin-Üüd, dernière ville mongole avant la frontière, que nous passerons en jeep demain matin. Si nous trouvons notre véhicule rapidement, nous serons à Erlian (Erenhot), en Chine, avant midi. Il y a ensuite plusieurs solutions pour rallier Pékin.

Le train est à 2h10 du matin. Nous retournons donc à notre point de chute habituel, le restaurant du Crystal House Hotel, dont les standards occidentaux sont décidément réconfortants. La propriétaire, désolée pour nous, nous permet de rester au restaurant jusqu’à l’horaire. Une bière et le délicieux crispy chicken nous requinquent. Au moins avons nous le temps de finir notre article sur la Mongolie et prévenir nos contacts à Pékin du petit contretemps…

Kingdom of Heaven à la télévision

Kingdom of Heaven à la télévision

Nous devons partir avant la fin de Kingdom of Heaven (VO sous-titrée chinois) . Nous payons le restaurant, il nous reste un peu plus de 25 000 turugs, largement de quoi payer la jeep transfrontalière (entre 10 000 et 15 000 par personne, certains voyageurs réussissent même des prouesses de négociation).

La chef de wagon nous trouve des lits et nous tentons de dormir. Somnolence jusqu’à 7h20, le train entre en gare. La pression monte, tous nos voisins ne sont pas là pour visiter cette sympathique bourgade, mais passer en Mongolie intérieure évidemment. Or les formalités côté chinois peuvent être interminables, il faut donc ne pas perdre de temps pour être bien placé dans la file.

En sortant, beaucoup de propositions « China, China ». Un mec louche nous demande 80 000. Nous éclatons de rire. Il descend immédiatement à 60 000. Nous lui disons savoir que le prix normal pour nous deux est 20 000. Dernier prix : 38 000. Il est parti trop haut, et ne descendra pas.

Nous nous dirigeons vers un bus, direct pour Pékin, à 230 yuans (35 euros). Nous avons lu que le trajet en bus est très inconfortable, et surtout, aucune assurance quant à l’heure effective de départ pour le poste-frontière. C’est un coup à rester bloqués des heures à la frontière.

Finalement alors que nous sommes en pleine discussion avec le conducteur du bus, un homme vient nous proposer 10 000 par personne, départ immédiat. Parfait ! Un Californien se greffe à nous, il n’a que 5000 turugs. Il est chanceux, nous complétons son ticket avec l’argent qu’il nous reste. Nous embarquons dans un Lexus dernier cri. Nous sommes presque déçus, où est la jeep russe rustique ?

Elle est déjà dans la queue. Le poste-frontière n’a pas encore ouvert, mais tous les « passeurs » ont déjà stationné leur véhicule dans la file, le Lexus n’était qu’une navette. Nous prenons place sur la banquette arrière, il y a déjà une mongole assise sur le siège passager.

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Notre jeep UAZ est antédiluvienne, nous n’avons pas payé le moins cher possible par contre nous avons probablement un des véhicules les plus pourris de toute la file. Beaucoup de capots ouverts par les conducteurs vérifiant les niveaux et apparemment soucieux de pouvoir démarrer au quart de tour.

 

La procédure est bien rodée : en attendant que la frontière ouvre, nous remplissons les papiers d’immigration.

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Tu connais le numéro du vol ?

 

À 8h30, ouverture de la frontière, nous sommes bien placés (dixièmes dans la file) et rapidement déposés au bureau mongol pour la sortie du territoire. Retour dans la jeep pour le passage de la frontière. L’attente côté chinois est un peu plus longue, mais finalement nous sortons à 9h20. Efficacité redoutable.

Une vraie belle ville en Mongolie !!

Une vraie belle ville en Mongolie -intérieure- !!

 

Dix minutes plus tard, nous prenons notre billet de bus pour Hohhot (95 ¥). Après réflexion, Nous préférons emprunter un train de nuit depuis cette ville de Mongolie intérieure, option que nous pensons plus confortable que le bus de nuit direct pour Pékin : le premier bus part à 14h pour arriver en pleine nuit à Pékin. Nous préférons essayer de dormir en train de nuit pour arriver un peu plus frais le matin.

 

 


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3 commentaires sur “Transmongolien 3 : Sainshand – Erlian, 16 – 17 octobre 2016

  • Brigitte Campeau

    Un grand merci de nous faire partager vos pérégrinations depuis votre départ! Je suis votre progression grâce à « Google Maps » et suis carrément admirative de votre parcours! Au plaisir de vous relire…Brigitte 🙂 gros becs