Remontée vers La Paz via Cochabamba, 26 – 29 juin 2017


Ne souhaitant pas nous attarder en Bolivie, nous remontons rapidement vers le nord-ouest.

 

Après un copieux petit déjeuner, nous prenons nos sacs à dos et nous nous mettons à marcher vers la sortie de Uyuni.

 

Nous ne croyons pas à notre chance lorsqu’à peine le pouce levé un routier nous laisse monter avec lui. Il va jusqu’à Colchani, le fameux village touristique à l’orée du désert de sel. Benjamin – notre chauffeur – est très gentil et nous arrivons à échanger quelques mots sur notre voyage.

Un Benjamin bolivien

 

Lorsqu’il nous dépose à l’entrée du village, nous sommes très confiants quand à nos chances de poursuite du trajet, le stop ne semble finalement pas si dur que ça !

 

Quatre heures plus tard, et après avoir réussi à arrêter seulement deux voitures, dont une nous demandant une somme exorbitante, nous sommes un peu moins sûrs de nous…

Lorsqu’un bus pour Oruro finit par passer, nous ne tergiversons pas et voulons monter dedans. C’était sans compter sur deux boliviennes qui nous coiffent au poteau et prennent les deux dernières places… Le chauffeur hurle no asientos ! et met les voiles… Sans aucune pitié pour les gringos.

Nous attendons donc le prochain bus….

 

Enfin à quatre heures le miracle à lieu, nous montons soulagés dans un bus. Nous nous faisons la réflexion que jusque là nous avions peut-être été très chanceux avec le stop ! Le bus est quasi plein, Charlotte se retrouve à côté d’une maman en plein sommeil, tandis que Benjamin fait la connaissance de Hans, un dentiste qui travaille deux jours par semaine à San Cristobal et le reste du temps à Cochabamba, où vit sa famille. Il nous dit que San Cristobal est très bon pour ses affaires, car contrairement à ce que la ville, assez glauque, nous avait laissé penser, elle concentre une industrie minière florissante, avec beaucoup de bouches de travailleurs à soigner. Pendant les trois heures de trajet, un single de pop latino nous casse les oreilles.

Le trajet est affreusement long et nous arrivons vers les sept heures à Oruro. Comme Hans doit rentrer chez lui il nous propose de l’accompagner. Nous hésitons un peu car nous avons lu du bien sur Cochabamba mais nous n’aimons pas arriver de nuit dans une ville que nous ne connaissons pas. Mais Hans achève de nous convaincre en nous assurant qu’il nous aidera à trouver un hôtel.

Nous dînons rapidement avec lui dans une cantine dédiée au pollo frito, puis nous retournons à la gare routière. Nous apprenons que le bus de huit heures est décalé à onze ! Hans nous propose de prendre un mini bus, un peu plus cher mais plus rapide. Nous partons.

Nous arrivons exténués à Cochabamba et Hans se dirige vers le premier hôtel ouvert. Épuisés nous ne faisons pas les fines bouches et acceptons la première chambre qui s’offre à nous, sans même l’avoir vue.

Hans nous invite à pendre le petit-déjeuner ensemble le lendemain ce que nous acceptons avec joie.

L’arrivée dans la chambre nous fait l’effet d’une douche froide, c’est sale, la vitre donnant sur le boulevard est cassée, le WiFi ne fonctionne pas, et de surcroît c’est tellement bruyant que même Charlotte qui roupille n’importe où s’inquiète de ne pas dormir.

Benjamin redescend se plaindre et nous visitons une autre chambre un peu plus à l’écart du bruit. Nous nous couchons rapidement.

 


Le lendemain matin, Benjamin se rend à l’accueil pour demander des serviettes, du savon et du papier toilette, et le redémarrage du WiFi. Rien de cela n’est possible, il remonte furax, et alors qu’il souhaite prendre une bonne douche chaude pour se calmer, il remarque que le bouton de l’eau chaude est cassé… Pas de douche donc.

C’est donc remontés comme des coucous que nous redescendons à l’accueil près à négocier fermement le prix de la chambre. Après un bras de fer musclé, Benjamin obtient que nous ne payons une ristourne de 30 Bolivianos.

Hans est en retard et nous nous demandons s’il nous a envoyés un Whatsapp pour annuler ou nous prévenir de son retard mais comme le WiFi ne marchait pas à l’hôtel, impossible de savoir… Nous décidons d’aller gentiment demander à l’auberge de jeunesse d’à côté si nous pouvons utiliser leur connexion mais la standardiste nous envoie sur les roses sans plus de façon. Les Boliviens sont décidément très amènes.

Hans arrive finalement et nous emmène dans un marché couvert pour nous faire découvrir le petit-déjeuner typique.

Nous commandons un lomo (fine tranche de bœuf braisé), tandis que Hans choisit une soupe et rognons… Bon appétit. Les plats sont servis avec riz et frites.

 

Avant d’aller au travail Hans nous fait rapidement visiter le centre historique de Cochabamba, assez mignon. Il nous recommande la prudence avant de nous dire au revoir sur la Plaza de Armas.

 

Nous restons à flâner sur la place, observant les cireurs de chaussures dans leur petite guérite, et la vie qui s’écoule. Un couple Chilien en vacances nous demande de les prendre en photo. Un photographe attend l’arrivée d’un groupe de femmes qu’il est chargé d’immortaliser.

 

Après un rapide passage dans la cathédrale métropolitaine San Sebastian, c’est un peu encombrés avec nos gros sacs que nous partons explorer la ville à reculons.

 

Benjamin se laisse tenter par un énorme verre de chantilly aromatisée au citron. Depuis qu’il en a vu à Uyuni il est impatient de goûter. Pour la première fois depuis longtemps, sa gourmandise est écœurée et il a même du mal à finir !

 

Nous déambulons dans les rues, sans but précis, nous arrêtant de ci, de là, pour prendre quelques photos ou nous reposer sur un pan d’herbe. Cochabamba est réputée pour ses jardins.

Benjamin se fait rabrouer par une bolivienne se plaignant d’avoir été prise en photo.  Sans être devenus bilingues, nous comprenons qu’elle le menace même d’appeler la police ! La gentillesse bolivienne dans toute sa splendeur… Nous ne sommes décidément pas bienvenus dans cette ville et à fortiori dans ce pays.

La Bolivie est le premier pays de notre tour du monde où nous avons autant de mal à prendre des photos (même si nous avons essuyé quelques refus dans d’autres pays). Lorsqu’on demande aux passants s’ils sont d’accord pour une photo la réponse est systématiquement non, sans aucune possibilité de les faire changer d’avis. C’est aussi le premier pays où nous n’arrivons pas à établir un dialogue avec les habitants, et ce n’est pas faute d’essayer. Ils restent totalement hermétiques à notre charme de gringos. On a vraiment regretté ne pas parler espagnol.

 

Nous réussissons quand même à entretenir une conversation de plus de vingt mots avec une très gentille dame sur Plaza Colon.

 

Nous allons prendre un bon espresso puis décidons d’aller voir le Christ de la Concorde. Charlotte s’arrête pour payer le téléphérique tandis que Benjamin tente de resquiller. Le couple s’engueule et Benjamin attaque seul les marches menant à l’imposante statue, avec son sac sur le dos. Une partie de plaisir.

 

En haut, il rencontre deux jeunes binationaux Boliviens-canadiens, plutôt de classe aisée. Et un groupe de français tels que nous les déplorons, criard.

Il retrouve Charlotte en bas et ils s’en retournent vers le centre-ville, avec un petit arrêt glace pour le quatre heures.

 

Nous décidons d’abandonner le stop et de prendre un bus de nuit pour La Paz afin de nous rapprocher de la frontière péruvienne et quitter la Bolivie où nous ne nous sentons pas bien. La gare routière est un hall immense où les rabatteurs crient stridemment les destinations de dernière minute. Nous regardons rapidement sur le net quelle compagnie éviter, et réservons finalement deux places en cama (la classe affaire du bus bolivien) pour 50 Bs/ pers. Au moins le bus n’est-il pas cher.

La cathédrale San Sebastian de nuit

 

Puis allons goûter les burgers chez Dumbo, une célèbre chaîne de restauration bolivienne. Les burgers sont passables, mais la carte des desserts est dantesque. Benjamin succombe pour le banana split, à l’image de la carte, gigantesque lui aussi. Le WiFi est bon et nous en profitons pour envoyer deux demandes couchsurfing de dernière minute. Quelques temps après, une troupe costumée fait irruption pour l’inauguration d’un nouvel étage du restaurant.

À 21h, nous retournons au terminal de bus dont le foutoir nous décontenance. Nous réalisons à quel point l’auto-stop nous a permis d’éviter ce genre d’endroit stressant. Nous patientons accrochés à nos sacs. Nous mettons un certain temps à comprendre qu’il faut pour embarquer nous acquitter des « frais de terminal » . Benjamin maudit ce pays où l’on est obligé de voyager dans de telles conditions. Heureusement le bus est confortable et nous passons somme toute une meilleure nuit que la précédente.

 


La ville est froide et endormie lorsque nous sortons du terminal peu avant 6h du matin. Nous attendons son réveil sur la Plaza de Armas où a lieu le hissé de drapeau.

 

Vers 7h, nous cherchons un café pour petit-déjeuner. Benjamin s’énerve lorsque le serveur radin refuse de lui donner une noix de beurre de rab. Pays de malheur ! Il découvre entretemps que Leandro a répondu favorablement à notre demande couchsurfing ! Il nous attend dans son appartement avant de partir au boulot. C’est à vingt minutes de marche, sur la place Isabel La Catolica. Nous nous dépêchons et le réceptionniste de la Tour des Amériques appelle notre hôte. Il est ingénieur logiciel pour la banque Mercantil, son appartement est non-meublé  et paraît donc immense. Nous déroulons nos matelas dans la chambre d’amis, il fait un froid glacial, personne ne se chauffe en Bolivie.

Vue depuis l’appartement de Leandro

 

Nous donnons rendez-vous à Leandro le soir et allons nous promener dans la ville. Sur la place d’Isabelle la Catholique, une manifestation fait rage avec pétard, police, blocage sauvage de la circulation. Leandro, las, nous dira plus tard que ces revendications, dont nous n’avons pas compris l’objet, sont bimensuelles.

Université de San Andres

 

Nous passons à côté de l’église Saint-Augustin puis arpentons les ruelles, le souffle court. Nous sommes à plus de 3000 mètres et ça se sent. Nous nous arrêtons prendre un coca à 1 Bs chez une petite dame qui vend les fameux fœtus de lama. C’est toujours aussi difficile de faire des photos alors que tout cela crie la Bolivie.

 

En revenant vers l’église, nous entrons par une annexe et assistons à la fin d’un spectacle musical. Un vieil homme nous explique qu’il s’agit d’un congrès rassemblant des artistes venus de toutes les provinces de la Bolivie. Chaque province est représentée par un groupe. On nous offre le Champomy et des saltenas, une sorte de mini empanada. Il existe donc des Boliviens gentils.

 

Nous passons sur la place Murillo, puis nous arrêtons au musée des instruments, où nous découvrons des instruments de musique traditionnels ainsi que d’autres plus communs. Charlotte retombe en enfance et s’amuse à faire du bruit avec tout. Heureusement nous sommes seuls dans le musée.

 

Nous remontons ensuite la rue Jaen en direction du mirador Killi Killi.

Calle Jaen

 

Sur l’avenue Sucre, nous entrons dans un resto sombre avec un almuerzo à 12 Bs. Nous réalisons que l’almuerzo de Uyuni était assez radin puisque sans entrée. Ici par contre, la soupe a un vieux goût de mouton, et l’escalope de pollo a la milanese n’est pas franchement fameuse. Mais Benjamin est calé.

Montée vers le mirador

 

Au mirador atteint de haute lutte, un groupe répète une chanson. Nous les regardons s’exercer timidement vêtus de leurs costumes. Puis nous redescendons.

 

Sur la place des armes, un attroupement anormal s’est formé, contenu par un cordon de CRS. Nous essayons de prendre quelques renseignements auprès des forces de l’ordre mais nous n’obtenons rien… Finalement en engageant la conversation avec d’autres touristes nous apprenons que le président Evo Morales, qui reçoit actuellement une délégation du Chili, va peut être faire une apparition. Au bout de vingt minutes d’attente, Charlotte décide d’attendre dans un café car le président ne semble pas décidé à sortir.

 

En prévision de notre exploration du lac Titicaca, nous allons acheter une cartouche de gaz dans l’avenue Illampu. 

Nous retrouvons Leandro chez lui et passons un agréable moment à discuter. Nous échangeons nos sentiments sur la Bolivie, qui curieusement se rejoignent malgré nos cultures différentes. Lui, brésilien, est venu ici pour une femme qui l’a quitté. Il nous confirme avoir du mal à s’intégrer dans son travail et à créer des amitiés fortes avec les Boliviens. Quant à l’ambiance festive chère aux brésiliens… Bref, nous prédisons qu’il rentrera bientôt au Brésil.

Benjamin et Leandro ressortent boire un verre disserter sur le sens de la vie et de la possibilité d’une métaphysique matérialiste (rien que ça).

 


Le lendemain nous mettons les voiles en début d’après midi. Évidemment le ventre vide de Benjamin se rappelle rapidement à nous et finalement nous nous attablons juste en face de chez Leandro dans un petit kebab qui nous inspire. Le propriétaire, turc, vit ici depuis une dizaine d’années. Ses kebabs nous rappellent avec émotion notre voyage en Turquie. Ils sont tellement bons que nous en commandons une deuxième tournée.

Nous faisons quelques courses sur le chemin menant à la gare routière pour Copacabana. Les mandarines ne sont pas bonnes, Benjamin maudit une nouvelle fois ce pays. Nous avons sous-estimé la difficulté pour monter la colline à pied, chaque pas est difficile.

 

Nous arrivons rincés (ou plutôt trempés) au Cementerio Generale. Un bus part dans moins de cinq minutes, nous achetons nos tickets et prenons place à l’intérieur.

 

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