Ascension du mont Emeï, 11 – 12 novembre 2016


Une randonnée de deux jours à l’assaut des 60 000 marches du mont Emeï.

 

Lever 6h30, petit-déjeuner à l’hôtel à base de crêpes à la banane et pseudo sauce chocolat plutôt honnêtes, puis nous attaquons le Mont.

Sur notre plan, la randonnée débute au temple Baoguo, mais une fois arrivés devant, nous réalisons qu’il fallait en fait suivre la route qui bifurquait vers la gauche une centaine de mètres avant.

 

 

Nous rebroussons chemin. Le début est vraiment mal indiqué et nous sommes agacés de perdre un temps précieux.

Finalement après une trentaine de minutes sur le même chemin, nous arrivons à l’entrée du site. Le ticket est assez cher et nous tentons de faire passer Charlotte pour étudiante grâce à sa carte vitale… Ça passe sans problème ! La vraie carte d’étudiant-périmée- de Benjamin suscite davantage de suspicions ! Nous payons 90¥ chacun pour accéder au Mont (180¥ le plein tarif).

 

 

Cette première partie (jusqu’au Qingyin pavilion) serpente dans la forêt, alternant marches et section de route. Ça et là des temples vides et quelques abris de fortune, avec locaux qui proposent boissons et nourriture. Mais là encore (comme un peu partout en Chine) tout est en travaux et d’aspect assez peu engageant. Le point positif c’est que nous sommes vraiment tranquilles sur cette section et ne croisons que peu de randonneurs.

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Les corbeilles se fondent dans le décor

 

Peu avant le Qingyin pavilion, nous passons un deuxième point de contrôle des billets. Quelques mètres plus loin, lorsque nous commençons à entendre des chants religieux, nous nous arrêtons manger dans un restaurant. Il y a beaucoup d’employés du site (de bon augure) et les raviolis (à 10¥) sont appétissants. Arrivés au pavillon, l’endroit devient très touristique ! Nous retrouvons le grouillement caractéristique des touristes chinois qui débarquent par cars entiers.

 

Le pavillon est cependant le plus joli que nous ayions croisé jusqu’ici.

Nous prenons ensuite le passage sur la gauche du temple. Nous allons traverser la joking monkey zone, mais avant nous admirons de magnifiques sculptures à même la roche. Chacune a son histoire, souvent associée à la venue d’un empereur.

 

Au fur et à mesure de notre avancée, les panneaux de prévention concernant les singes s’enchaînent. Nous sommes plutôt rassurés, avec le mauvais temps (oui oui, qui dit randonnée avec les Roland, dit mauvais temps !), nous pensons n’en croiser aucun.

 

Entrée dans la monkey zone

Entrée dans la monkey zone

 

Aucun singe à l’horizon.

 

C’était une belle illusion : rapidement un attroupement se forme devant nous et les singes apparaissent. Certains touristes se font voler leur sac (malgré toutes les mises en garde), beaucoup le font exprès.

Incitation à exciter les singes avec des sacs plastiques

Incitation à exciter les singes avec des sacs plastiques

 

Habitués à l’homme, nourris par les touristes, et parfois roués de coups par les gardiens, les singes de cette section ne sont pas les plus intéressants à observer. Même si au début il faut reconnaître que le manège amuse, rapidement il perd de son intérêt par la bêtise des touristes qui frissonnent de se faire voler leur pique-nique acheté exprès pour quelques mètres avant.

 

Certains singes sont quand même très beaux.

 

Ne pas se fier aux apparences...

Ne pas se fier aux apparences…

 

... ceci n'est qu'un très classique épouillage

… ceci n’est qu’un très classique épouillage

 

Plus nous avançons plus nos compagnons de route se font rares. Les touristes venus en bus rebroussent rapidement chemin une fois les singes passés. Cette portion est très agréable et nous sommes confiants quant à la suite de la randonnée : régulièrement il y a des moments de plat entre deux volées de marches.

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La pluie ne nous gêne même plus et nous arrivons encore à peu près frais à Hongchun Ping, les terrasses d’arbres vénérables. C’est ici que les derniers courageux, venus en bus pour la journée, feront demi-tour.

Nous comprendrons rapidement pourquoi : à partir de ce point le dénivelé augmente significativement. Les escaliers s’enchaînent sans moment de plat. Nous sentons dans nos mollets les six heures de marche que nous avons déjà effectuées. De temps en temps un petit terrain plat est investi par un local pour proposer aux randonneurs de se ravitailler.

 

À l’un d’eux, nous nous arrêtons quelques instants et sortons notre paquet d’amandes grillées. Un singe sorti de nulle part tente de nous voler notre casse-croûte ! Benjamin empoigne rapidement un bâton pour le tenir à distance ! Le singe n’est pas content et montre les dents, mais trop tard, Charlotte a tout rangé. La pause écourtée, nous utilisons nos dernières forces pour arriver jusqu’au Magic Peak Monastery (Xiafeng Temple).

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Xiafeng Temple

 

Il pleut, et bien que nous ayons emporté la tente, nous préférerions dormir au chaud. Nous allons donc voir les prix des chambres. Affichés entre 80 et 380¥, ils s’entendent en fait par personne ! C’est la douche froide ! Nous ne pensions pas rencontrer des prix aussi exorbitants (pour la Chine). Benjamin part à la recherche d’un endroit où planter la tente, mais le terrain n’est pas propice et le sol totalement détrempé…

Après de vaines tentatives de négociations avec le personnel malaimable (les moines en revanche sont gentils), nous sommes contraints d’accepter le prix pour éviter que des touristes chinois payent à notre place (deux ont déjà sorti les billets ! ). Nous ne pouvons pas avoir celle à 80¥ car nous ne sommes pas chinois… On ne sait toujours pas s’ils bénéficient de prix spéciaux ou si on ne mélange pas les torchons et les serviettes… Bref, pour 180¥, nous nous retrouvons dans un placard humide avec 4 lits qu’il faut quasi enjamber pour circuler. Évidemment pas de douche.

 

Le soir, afin de ne pas donner un euro de plus à ces voleurs, nous mangeons nos deux plats lyos (restes de notre voyage en Islande ! ). L’eau bouillante est heureusement gratuite.

L'équation du jour : 1 budget journalier — 1 chambre de moine à 180¥ = 2 plats lyos

L’équation du jour : 1 budget journalier — 1 chambre de moine à 180¥ = 2 plats lyos

 

Nous prévoyons de nous lever à 6h, afin de finir la randonnée le lendemain et non le surlendemain comme prévu initialement – l’idée première était de dormir une deuxième nuit, tout près du sommet, pour voir le lever de soleil sur le Golden Summit. Mais le logement hors de prix nous incite à écourter la visite.

 


Levés aux aurores, nous poursuivons notre progression vers le sommet. Nous avançons d’un bon pas afin de tenir notre objectif. Juste après Yuxian Temple, nous trouvons un endroit plat où nous aurions pu planter la tente la nuit dernière. Dommage.

 

Les marches se succèdent avec un dénivelé toujours très important. Beaucoup d’ouvriers travaillent à l’entretien de l’escalier. Certains portent jusqu’à 50 kilos !! Autant dire que l’on se sent un peu minables à galérer avec nos 13 kilos !

 

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La volée suivante nous emporte jusqu’à l’Elephant bathing pool (Leidongping). Charlotte passe à côté sans même voir la fameuse piscine, trop concentrée sur sa progression.

 

Ici, il est aussi possible de dormir et les premiers prix sont plus contenus (50¥/personne). L’endroit est également propice à l’observation de singes dans leur quotidien (épouillage et compagnie).

 

Nous croisons les premiers touristes qui, arrivés en car, descendent jusqu’à ce temple.

 

La dernière section jusqu’à Jieyin Hall, est peu à peu envahie par les touristes chinoises en talons hauts qui voient la neige pour la première fois… Nous sommes à un peu plus de 2500m. La dernière montée est ultra raide et nous demande un gros effort de motivation (on commence à en avoir un peu marre des escaliers…).

 

Jieyin Hall est le point d’arrivée de tous les bus touristiques. Après une randonnée des plus calmes c’est un choc, comme toujours en Chine. Le caractère sacré et la quiétude de la montagne s’évaporent pour ne laisser qu’une horde de touristes pressée de prendre le téléphérique pour rejoindre le sommet.

 

Nous nous renseignons rapidement à la station de bus afin de connaître le dernier horaire de retour (17h). Nous grignotons quelques en-cas achetés dans les gargottes à touriste au bord du chemin et démarrons la dernière partie de l’ascension : celle jusqu’au Golden Summit à 3077m. Sur ce passage, énormément de monde : quelques randonneurs, quelques courageux chinois qui veulent faire l’ascension à pieds, quelques porteurs mais surtout beaucoup de gens qui redescendent ! Là encore, ne pas s’attendre à autre chose que des marches.

L’arrivée est une délivrance : après 60 000 marches en deux jours, Charlotte a enfin le droit de manger son snickers !

 

Malgré la tonne de touristes, monter jusqu’au sommet vaut vraiment le détour. Le bouddha géant en impose bien sûr, mais surtout la vue est à couper le souffle. Le mont Emeï surplombe une mer de nuages, on a du mal à croire avoir grimpé tout ça en deux jours !

 

Nous croisons certains de nos compagnons du monastère qui ont craqué et pris la télécabine.

Il est vite l’heure se redescendre pour ne pas rater le dernier bus. On croise deux porteuses qui sont fascinées par nos sacs à dos. Comme à chaque fois que nous nous arrêtons, nous devenons rapidement une attraction et nous nous soumettons au jeu de la séance photo.

 

La descente est annoncée en 1h30, nous sommes donc en retard ! Après une marche au pas de course, nous arrivons à la station de bus en 50 minutes montre en main – aux dépends de nos genoux. Le retour en bus (50¥/ticket) prendra une bonne heure.

Porteurs ne souhaitant pas être pris en photo

Porteurs ne souhaitant pas être pris en photo

 

Nous arrivons à notre hôtel et avons tout juste le temps de récupérer les quelques affaires laissées avant de courir vers la gare. Le prochain train pour Chengdu est dans 30 minutes. Le bus menant à la gare tardant à arriver, nous avançons à pied, mais la gare est trop loin, nous n’y arriverons pas ! Nous convainquons un couple qui attend tranquillement quelqu’un dans leur voiture de nous conduire à la gare ! Nous arrivons essoufflés à la caisse 10 minutes avant le départ du train. Charlotte se faufile dans la quête des billets en expliquant l’urgence de la situation. Malheureusement c’est trop tard, la vente de billets pour ce train est terminée ! Il nous faut attendre le prochain.

L’estomac de Benjamin nous rappelle à notre condition d’humains. Il part donc en reconnaissance aux alentours de la gare pour nous trouver un endroit où manger. Le quartier est tout nouveau mais à une centaine de mètres il trouve un alignement de gargottes, c’est parfait ! Un groupe de voyageur chinois nous invite à goûter leurs plats pour nous aider à commander.

Après un excellent repas, le train nous ramène en 45 minutes à Chengdu.

 

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